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«Le grand malheur du poète d’aujourd’hui est qu’il a égaré l’adresse du public... Il habite sur un continent, les gars sur un autre, séparés par des océans de complexes de supériorité, de gloriole et de méfiance. Au lieu d’être un instrument de rapprochement et d’entente, la culture du poète est devenue citadelle interdite au public... Les trois-quarts de nos poètes actuels se sont attribué, volontairement ou non, un fief intellectuel et poétique qui fait d’eux des exilés vivant hors de la sensibilité générale, des créatures chimériques parlant une langue inconnue.
Sans hésiter j’accuse nombre de nos poètes, dont beaucoup se proclament révolutionnaires, socialistes ou marxistes, de s’être isolés du peuple arabe, en cela très semblables aux nobles du Moyen-Age vivant dans leur fief culturel et mental».