Variété, diversité, bigarrure de " langages ruraux ", telles sont, dans les années 1530, les caractéristiques essentielles du paysage linguistique français. Selon Charles de Bovelles, on
trouve alors en France " autant de coutumes et de langages humains que de peuples, de régions ou de villes ". Certes, ce que nous appelons aujourd'hui le français existe, mais à l'état latent. Il doit, pour se faire entendre, rivaliser non seulement avec les dialectes provinciaux, mais aussi avec ces langues modèles que sont le latin et l'italien. Le présent ouvrage montre de quelle façon, sous l'impulsion
d'une politique orchestrée par le pouvoir royal, les
grammairiens, les linguistes, les écrivains et les poètes de la première moitié du XVIe siècle, Lemaire de Belges, Rabelais, Tory, Marot, Dolet, Peletier, tous " facteurs " et " champions " du " Gallique hemisphere ", tous aussi Lyonnais de cœur ou d'adoption, sont, bien avant Du Bellay
et Ronsard, parvenus à " ordonner ", " decorer " et " illustrer " la langue française, à faire de celle-ci une véritable langue de culture. Une langue qui, au XVIIIe siècle, sera parlée de toute l'Europe.