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À la fin des années 1940, le libraire Henri Tranquille s'adressait ainsi au jeune écrivain Jean Jules Richard : "Ayant eu besoin d'écrire de nouveau à Louvigny de Montigny, j'ai cru bien faire de mentionner ton livre à cet homme influent". Qui est donc ce Louvigny de Montigny, homme "influent" de qui on gagne à être connu ? Auteur, traducteur, membre fondateur de l'École littéraire de Montréal, éditeur de Maria Chapdelaine de Louis Hémon bien avant Grasset, Louvigny de Montigny a surtout travaillé pendant plus de cinquante ans afin d'établir le respect du droit d'auteur au Canada.
Dès le tournant du XXe siècle, il s'échine à convaincre ses compatriotes qu'ils doivent cesser de pirater les textes des écrivains français : il en va de l'essor même de la littérature canadienne ! Étrangement, aucune étude n'a encore été consacrée à ce personnage haut en couleur dont l'ennemi juré, Claude-Henri Grignon, avait annoncé l'oubli dans une dure prophétie : "Un cycle passera, puis on ne prononcera plus votre beau nom.
Vous serez plus ignoré que le plus obscur défricheur disparu depuis cent ans". Ni tout à fait du dedans ni tout à fait du dehors, Montigny crée un malaise dans le champ littéraire et culturel de son époque, occupant un espace intermédiaire aux contours fuyants.