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Saint Etienne de Muret (1046-1124), venu de Thiers en Auvergne, a vécu en ermite dans la région de Limoges, mais sa Vie lui prête un séjour en Italie auprès des ermites de Calabre. Ses disciples fondèrent sur son enseignement et l'exemple de sa vie un ordre que favorisa Henri II Plantagenêt ; aussi la maison mère de Grandmont, non loin de Muret, dans les monts d'Ambazac, a-t-elle essaimé dans le royaume Plantagenêt : l'ouest de la France et le sud de l'Angleterre.
Plus exigeant encore que celui de Cîteaux qui lui est contemporain, l'ordre de Grandmont a perdu après le XIIIe siècle sa spécificité et s'est éteint à la veille de la Révolution. La vie du saint ermite a constitué un objet de lectures dont nous livrons le compte rendu. Comment, sans être historien ni religieux, lire cette hagiographie du XIIIe ? Pourquoi la lire, dans ces conditions ? Pas plus que les Evangiles elle n'est une biographie, mais elle peut, elle aussi, ouvrir les voies de la conversion, les impasses de la curiosité ou le plaisir du texte : selon les dispositions ou les handicaps du lecteur ! Nous avons essayé diverses approches pour entrer en dialogue avec ce texte : tantôt celle d'un exercice plus ou moins spirituel - imaginant la scène et nous y projetant aux côtés ou à la place d'un des personnages -, tantôt comme un exégète qui cherche les fondements réellement historiques, ou comme un apprenti herméneute qui scrute l'écriture pour en dégager la signification.
Nous avons donc suivi plusieurs régimes de lecture : celui de la documentation, celui de l'imaginaire (à la suite des auteurs tardifs de la Vie, qui corrigent ses contradictions et pallient ses silences) en écrivant ce qui peut passer pour une vie apocryphe de saint Etienne et celui de l'interprétation, d'où le sous-titre : Histoires anciennes (la lecture critique des récits de la Vie de saint Etienne ) et fiction nouvelle (la part de notre recréation de la Vie du saint limousin).