Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
Les lecteurs de Malraux n'ont pas oublié le climat de cette Chute des années Vingt, au tout début de la plus sanglante révolution de son histoire....
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Les lecteurs de Malraux n'ont pas oublié le climat de cette Chute des années Vingt, au tout début de la plus sanglante révolution de son histoire. Nous sommes dans un empire déboussolé où la loi et l'autorité n'existent plus, où tous les coups sont permis. Autour des tables à jeu de Shanghai, le champagne coule à flots, tandis que la boue et la poussière (selon les saisons) sont tout ce que l'Histoire laisse en partage au peuple. En province, où passé et présent se bousculent dans un beau désordre, chacun vit ou croit vivre comme au temps des Fils du Ciel, et des bandes armées font régner dans les campagnes, à coups de mitrailleuses lourdes, une terreur médiévale.
Et pourtant ceux qui ont connu cette Chine-là (celle aussi des récits de Lucien Bodard) savent que c'est dans ces années précisément, au milieu d'un des pires étalages de cruauté et de folie que les hommes aient jamais produits, que s'est joué pour une bonne part l'équilibre du monde qui est, aujourd'hui le nôtre.
Il fallait un chroniqueur à cette tragédie, dont on joue encore les suites de nos jours : André Bernis, qui commandait en ces temps troublés une canonnière française sur le Grand Fleuve, fut ce Tacite. Un Tacite désenchanté, dont la plume aurait trempé dans l'encrier de Paul Morand. Joseph Kessel, préfacier du livre en 1930, tenait Les Nuits du Yang-Tsé pour le modèle accompli du récit d'aventure vécue.