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Historiens, journalistes, voyageurs... peu d'entre eux se sont attachés à bien comprendre et à bien décrire ce peuple valeureux, étrange mais encore impénétrable, ce peuple qui vit à l'abri des profondes vallées du Mont-Liban, sur les plateaux semi-arides du Djebel Hauran en Syrie et dans les collines de la verte Galilée. Faut-il vraiment que la montagne et les vallées prennent l'odeur de la poudre et la couleur du sang pour que les Druzes soient projetés sur la scène de l'actualité, comme en 1860 après le massacre de chrétiens maronites, comme en 1925 à la suite de la révolte du Djebel contre la présence française au Levant et enfin, plus récemment, en 1982 pendant la guerre civile qui a ravagé le Liban ? Le général Weygand, dans la préface à l'ouvrage du capitaine Narcisse Bouron consacré à l'insurrection des Druzes en 1925, a écrit : "Vous nous montrez ce peuple doté à la fois de vertus et de charmes que pourraient leur envier les nations les plus civilisées, mais aussi, affligé de défauts et de vices de peuples primitifs." Ainsi ce peuple mal connu a été depuis des siècles béni par les uns, outragé par les autres.
Pour les musulmans, les Druzes sont des renégats qui ne méritent que la mort ; pour de nombreux chrétiens, c'est un peuple d'égorgeurs de femmes et d'enfants. Pourtant à Beyrouth, à Damas, à Tel-Aviv, les amis des Druzes n'hésitent pas à dire qu'ils sont gens honnêtes, intrépides, loyaux - par contre, leurs ennemis les qualifient de fourbes, d'hypocrites et de serviles. Mais alors, qui connaît réellement ce peuple, apparu subitement au XIe siècle dans les profondes vallées libanaises ? Qui donc connaît cette nation dont l'un des émirs pouvait prétendre, quelques siècles plus tard, régner sur un empire aussi vaste que celui de Salomon ? Qui, enfin, connaît cette secte qui cultive une sagesse issue des temps immémoriaux ? Peuple, nation, secte, religion nouvelle ou très ancienne sagesse ? Le druzisme reste méconnu.
Il constitue encore aujourd'hui un des grands mystères de l'Orient.