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Voilà déjà longtemps qu'on s'acharne à "détruire le roman", à écrire des "anti-romans". Il est même probable que, pour l'essentiel, le meilleur, le plus vivant du roman depuis un demi-siècle soit sorti de cette volonté de suicide. Echenoz renverse la vapeur. Il croit au roman, même si cette foi n'est pas celle du charbonnier et qu'elle s'accompagne d'un regard critique et d'une bonne dose d'humour.
A lire Les Grandes Blondes, il apparaît même que le romanesque, cette mise en présence de l'aléatoire, du libre-arbitre et de la nécessité, soit un des derniers espaces qui résistent à la vitrification de notre univers, une des dernières chances de l'irrégularité. Les Grandes Blondes ressemble à une machine (...) qu'un ingénieur aurait savamment déréglée tout en la construisant. (...) La machine ainsi clandestinement sabotée n'en ferait plus qu'à sa tête.
Elle aurait encore l'apparence d'un mécanisme, brillant, nickelé, impassible, rationnel et abstrait, mais elle serait, en fait, vivante et soumise au hasard. (...) Elle serait même tendre, et parfois mélancolique. Juste retour des choses quand, ailleurs, c'est le vivant qui prend l'allure du machinal, que "le monde est taillé ton sur ton dans la même fibre synthétique". (...) Revanche de l'écriture : il n'y a pas un chapitre, pas un paragraphe, pas une phrase dans Les Grandes Blondes qui puisse servir au cinéma.
Pierre Lepape, Le Monde.
"Vous êtes Paul Salvador et vous cherchez quelqu’un"
Jean Echenoz, c'est le maître avec son laser, le lecteur c'est le chat émoustillé qui bondit de surprise à chaque page tournée. Et quelles surprises ! le roman met en scène des personnages, tous uniques et drôles, parfois pathétiques ou surréalistes, placés chacun sur une trajectoire qu'Echenoz s'amuse à brouiller de façon abracadabrante...
Paul Salvador, producteur d'émissions télévisées en manque d'inspiration, engage une équipe d'espions pour sortir une ancienne chanteuse (blonde) du désert médiatique. Il veut parler des blondes, grandes de préférence, parce qu'elles sont une catégorie humaine à part, ou parce qu'elles sont génétiquement différentes, ou simplement parce qu'elles arborent tantôt un blond vénitien, cendré, cuivre ou sable. Perdu dans son approche et pas très professionnel, Salvador s'entête à retrouver cette célébrité du passé pour illustrer son émission.
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