C’est donc dans ce cadre que j’ai lu ce western, pas spaghetti pour un rond de chapeau. Mais est-ce vraiment un western ? Assurément puisqu’il y a des tueurs à gages (les frères Sisters), des putains de poids, des chercheurs d’or, des indiens, des chevaux, de l’alcool…. Mais, mais, mais, il tient plus du conte philosophique.
La trame est très conforme au genre, l’auteur ne s’étale pas sur la beauté des paysages ce qui ne gêne en rien les pérégrinations des brothers Sisters. J’oubliais, ce sont eux les tueurs à gages, embauchés par le Commodore pour liquider ceux qui
osent se mettre devant son chemin. Hermann Kermit Warm (quel drôle de nom), qui a refusé de lui donner la formule chimique pour faciliter la recherche de l’or dans les rivières, est leur prochain « client ».
Le chemin jusqu’à la rivière lumineuse est long et propice à des rencontres inattendues, quoique, dans un western il en est souvent ainsi. Le dentiste-arracheur-de-dents philosophe, La vieille sorcière , la petite fille méchante des intermèdes, tout un poème !…..
Tels Laurel et Hardy, ils sont inséparables, Charlie le méchant et Eli le bon. Tout comme eux, ils ne font que se disputer, ergoter, mais lorsque l’un est malade, l’autre est là.
C’est Eli qui raconte leur histoire et il remarque beaucoup de choses. OK, il est tueur à gages, mais croyez-moi, il n’aime pas du tout son travail, s’excuse (des fois) aime à penser qu’il est amoureux.
La violence est très présente, les mots sont là, crus, mais la plume ironique et comique genre humour noir de Patrick de Witt fait tout passer, même l’énucléation de Tub. L’ivresse n’est jamais très loin, attention, la vraie, la réelle, pas l’ivresse des sommets. La richesse ? Ils la verront toujours s’approcher et, lorsqu’ils pensent la tenir, hop, une pirouette, un évènement (jamais heureux) et tout est à refaire.
Les grandes randonnées équestres ou pédestres sont sources de réflexions, voire de philosophie de comptoir cheval. Nos Sisters, surtout Eli, réfléchissent, discutent, fourailles sur leur fraternité, sur l’intérêt du crime…. Les souvenirs viennent au débotté ; lorsque Charly a tué son père devenu fou, battant sa mère . Ils acceptent leur sort avec fatalisme
Un western ? Une grande histoire d’amour fraternel, un conte philosophique. La fin est étonnante genre retour dans le giron maternel, comme une seconde naissance ou un changement de cap.
Un excellent livre que je vous recommande par ces journées tristounettes de fin d’automne. Le visuel est très présent, je le verrai bien devenir un film, les personnages secondaires y seraient parfaits.
Déjà un classique des romans de western !
Hommage assumé au western classique, le roman de Patrick deWitt est aussi l'histoire d'une confrontation entre deux personnalités bien opposées, incarnées par les deux frères : l'un s’accommode de ce monde cruel et sans loi et l'autre y cherche sa place à défaut d'y trouver un sens.
A peine ouvert on se trouve très vite embarqué dans cet ouvrage plein d'humour qui nous rappelle les grands moments des films de western.