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Lorsqu'en 1869, sous le pseudonyme de Lautréamont, Ducasse fait imprimer Les Chants de Maldoror, c'est un texte inclassable que le jeune poète de vingt-trois ans offre aux lecteurs. Cette épopée de la peur, des ténèbres et du mal, qui brandit son attirail de cruautés et fait sourdre un fond de terreur infantile dans les amples strophes de ses six chants, à sa parution demeura à peu près sans écho : il fallut donc attendre la redécouverte des surréalistes pour que ce livre où s'inaugure la transgression moderne prît sa vraie place.
L'année suivante, les Poésies, dont on ignore si l'édition fut diffusée, démentaient leur titre en proposant, écrites en prose, un ensemble de maximes et de réflexions, acerbes parfois mais aiguës, sur la littérature et la morale. Le livre fut-il alors lu ? Quelques mois plus tard, Ducasse mourait mystérieusement.
L'héritage des ténèbres.
Recueil poétique de six chants, Les Chants de Maldoror sont l’œuvre d'un jeune et fugace poète du nom de Ducasse (publié sous le pseudonyme de Lautréamont). Loin des louanges de la Grâce et de l'éloge de la Nature, loin du réalisme ou de tout autre propos classique ; Maldoror, personnage malfaisant, nous narre ses méfaits et pensées obscures par une poésie lugubre et ténébreuse.
L’œuvre n'est pas à mettre dans toutes les mains, comme nous le dit l'auteur via une mise en garde, et il faut avouer qu'il y a de quoi être choqué, saisi d'effroi devant des scènes parfois douloureuses, crues, tantôt violentes ou dégoutantes. Maldoror est un être misanthrope, assassin de surcroit, qui apparaît tantôt comme un vampire, comme un requin cruel, comme une ombre rodant dans les pas d'un jeune homme.
L'ensemble donne une œuvre unique, comme un jet sorti d'un cerveau malade que l'on ne pourra jamais retrouver chez aucun autre, d'un poète à la carrière quasiment aussi courte que sa vie, mais qui a laissé grâce à ces chants un héritage éternel à la poésie.