Lecture De" Prose Pour Des Esseintes" Et De Quelques Autres Poemes De Mallarme

Est-ce que l'énigme par excellence de la poésie mallarméenne, Prose pour des Esseintes, a été enfin dévoilée ? Le lecteur en jugera après avoir parcouru pas à pas les étapes qui marquent le mouvement de la présente " lecture ", où la clé de l'énigme, décelée dans le titre et dans le sous-titre (ou dédicace) du poème, s'avère être en même temps la loi qui préside à l'organisation générale du texte : une organisation selon laquelle le poème ne cesse de renvoyer à lui-même, dans un jeu indéfectible de reprises et de recoupements à tous les niveaux de sa structure, dont les éléments, se réfléchissant les uns sur les autres, finissent en plus par révéler le sens exact qu'ils détiennent dans le cadre de la représentation ainsi que la valeur spécifique de leur fonction à l'égard des articulations narratives ou énonciatives du texte (de " l'ère d'autorité " à " l'Esprit de litige ", de " l'hyperbole " à la "sœur " etc.). Ce qui en découle, c'est la réalisation d'un objet verbal parfaitement identique à soi, et partant doué d'un statut d'absolue autosuffisance qui en fait un cas peut-être unique dans la littérature européenne. Dès lors, Prose se poserait comme l'accomplissement superbe d'une célèbre formulation de Mallarmé sur le Livre : "entre les accessoires humains, il a lieu tout seul : fait, étant ". Aussi envoûtante que la solution d'une inextricable enquête policière ou d'un vieux problème de logique, cette lecture de "Prose pour des Esseintes " est suivie de quatre lectures supplémentaires, elles aussi en disruption à l'égard de la tradition critique généralement acquise, lesquelles s'attachent à autant de poèmes, et précisément à Sainte, "Victorieusement fui le suicide beau ", Tombeau (de Verlaine), pour s'achever sur le grand sonnet du naufrage, "A la nue accablante tu", que l'auteur lit comme la mise en scène d'une étonnante déconstruction de l'espace, aussi bien conceptuel que métaphysique.