La claque ! Attention ce livre est une merveille. Diane Setterfield raconte avec une aisance et une classe rare. L’histoire est déjà originale en elle-même. Une jeune libraire amoureuse des livres en général et des auteurs morts en particulier est sollicitée par un auteur de best-sellers pour écrire sa biographie. L’auteur en question est une vieille femme pour qui la vérité est multiple, aléatoire et pas toujours fiable. Elle s’engage toutefois à ne confier que la vérité à Margaret, qui devra décortiquer son récit et faire la différence entre conte et réalité.
L’histoire
est foisonnante, Margaret, la narratrice, a sa propre histoire, assez lourde et douloureuse pour donner un sens particulier à ses entrevues avec Vida Winter. Celle-ci lui raconte sa vie, peuplée de personnages inquiétants, mystérieux, mais terriblement humains. L’ambiance, les allusions, certains faits font penser à d’autres chefs-d’œuvres de la littérature anglaise (les sœurs Brontë, Daphné du Maurier etc). Le roman traite de sujets psychologiquement passionnants, les secrets de famille, l’abandon, la séparation, la mort, la gémellité, l’autre. Sujets et traitement exemplaires. L’écriture de Diane Setterfield est délicieuse, raffinée, intelligente. On entre dans l’histoire et on n’en ressort pas, piégé dans les méandres d’Angelfield. La vérité prend plusieurs chemins et comme Margaret on s’égare, on croit trouver l’issue, pour ensuite repartir dans l’autre sens. On n’échappe ni au côté romanesque ni à la petite larme qui scintille au coin de l’œil lorsqu’on referme le livre. C’est beau, et émouvant juste ce qu’il faut pour ne pas être mièvre, et haletant comme un polar. Le charme anglais sous sa plus belle forme.
Entre l’enquête et l’étude de mœurs, le roman gothique et les sagas familiales, Le treizième conte est un merveilleux moment de lecture, qui éveille en moi de lourdes interrogations : Diane Setterfield a-t-il écrit autre chose ? Est-ce prévu ? Quand ?
Secrets de famille
Margaret Lea tient avec son père une librairie spécialisée dans les ouvrages rares et anciens. Passionnée de littérature anglaise du XIXème siècle, elle est aussi biographe amateur mais s'est jusqu'à présent toujours limitée aux auteurs décédés. Aussi est elle très étonnée le jour où elle reçoit une lettre de Vida Winter. La célèbre auteure à succès la convie chez elle, dans le Yorkshire, afin d'y rédiger sa biographie. Pour la première fois, la vieille dame souhaite dire toute la vérité sur sa vie et ses origines restées mystérieuses jusque là. Plus ou moins persuadée de refuser mais poussée par la curiosité, Margaret entreprend le voyage. Et, bien sûr, elle va rester, écouter et écrire.
Etrange dame que cette Vida Winter qui, même malade et en bout de vie, reste maîtresse d'elle-même et de la situation. Depuis des décennies, elle envoûte ses lecteurs avec ses histoires et elle va faire de même en racontant la sienne. C'est en conteuse qu'elle livre ses secrets à la jeune Margaret qui a pour consigne de ne jamais poser de questions, de simplement suivre le récit de cette vie extraordinaire qui trouve ses origines dans un lointain passé. Avec elle, le lecteur est embarqué dans cette atmosphère de folie, dans le domaine des Angelfield chargé d'histoires, de passions contre nature, d'identités contrariées. A écouter ainsi, Margaret trouve la force d'affronter sa propre enfance marquée par l'absence d'amour de sa mère...
Roman d'ambiance, intrigue à tiroirs, histoire romantique, conte gothique, Le treizième conte est tout cela à la fois et bien plus encore. Il ravira tous ceux qui aiment les livres, les librairies, les chats, les soeurs Brontë, le mystère, etc.