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irlande
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Roseanne Clear
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docteur Grene
« Je me souviens de choses sombres et terribles, de pertes, des bruits, mais cela ressemble aux tableaux sombres et terribles dans les églises, Dieu sait pourquoi, parce qu’on n’y distingue rien. -Madame McNulty, c’est une description magnifique de la mémoire traumatique. »
Madame McNulty, ce n’est même pas son vrai nom. Qui elle est vraiment, Roseanne s’en souvient-elle seulement ? Roseanne Clear, une centenaire dans l’Irlande d’aujourd’hui, laisse
son testament caché sous une latte branlante de son plancher. Elle entreprend d’y raconter la jeune fille qu’elle a été, son histoire, les vicissitudes de la vie dans l’Irlande de la première moitié du 19ème siècle. Et puis surtout les causes lointaines de son internement dans l’asile psychiatrique de Roscommon. Cet asile est voué à la destruction, c’est pourquoi le docteur Grene, son directeur, doit s’efforcer de le vider de ses occupants, en définissant quels patients sont à même de retourner parmi « les vivants ». Cette « nécessité [le] mène […] à établir quelles circonstances ont amené ici certains patients et s’ils ont véritablement, comme ce fut tragiquement vrai dans certains cas, été internés pour des raisons sociales plus que médicales. Car [il] [n’est] pas idiot au point de croire que tous les « aliénés » de cette maison sont fous, ou l’ont été un jour, ou l’étaient avant de venir ici et d’apprendre une sorte de folie contagieuse. »
Le cas énigmatique de Roseanne McNulty l’interpelle, il éprouve un certain attachement pour cette vieille femme fragile, et il entreprend donc de retracer l’itinéraire de celle-ci dans son journal, sans savoir que l’attendent sous les lattes le récit d’une vie. Les deux récits s’entremêlent, créant un effet de profondeur et de richesse. Les deux écritures entrecroisées s’éclairent l’une l’autre, et leurs auteurs, deux êtres blessés et seuls, semblent se soutenir dans leurs peines, malgré les silences et les non-dits. Tous deux explorent leur mémoire, face aux insuffisances de celle-ci, et aux questions qui se posent petit à petit : quelle confiance peut-on avoir en cette mémoire ? Quelles transformations, quels fantasmes sont apparus, causés par les oublis volontaires et les traumatismes ? Peut-on encore « démêler le vrai du faux » après tant d’années d’obscurité ?
C’est tout un siècle de l’histoire de l’Irlande qui apparaît sous la plume de Roseanne. Sébastien Barry, le romancier, est parvenu à retranscrire avec fluidité et poésie le tragique de cette histoire intime, tout aussi douloureuse que la grande histoire. Cette femme se révèle profondément attachante, elle paraît si fragile, y compris lorsqu’elle s’exprime. Son témoignage, frêle et opalescent, m’a beaucoup touchée. Je pense que c’est un roman qui me marquera durablement, tant pour l’atmosphère qui s’en dégage, que par le personnage de Roseanne, au destin chaotique mais, en définitive, si beau. C’est la sincérité de Roseanne qui fait du Testament caché un témoignage poignant qui va droit au cœur.
Et ça, « c’est la vérité vraie. »
Le testament caché, à la recherche d'une mémoire perdue
« Je me souviens de choses sombres et terribles, de pertes, des bruits, mais cela ressemble aux tableaux sombres et terribles dans les églises, Dieu sait pourquoi, parce qu’on n’y distingue rien. -Madame McNulty, c’est une description magnifique de la mémoire traumatique. »
Madame McNulty, ce n’est même pas son vrai nom. Qui elle est vraiment, Roseanne s’en souvient-elle seulement ? Roseanne Clear, une centenaire dans l’Irlande d’aujourd’hui, laisse son testament caché sous une latte branlante de son plancher. Elle entreprend d’y raconter la jeune fille qu’elle a été, son histoire, les vicissitudes de la vie dans l’Irlande de la première moitié du 19ème siècle. Et puis surtout les causes lointaines de son internement dans l’asile psychiatrique de Roscommon. Cet asile est voué à la destruction, c’est pourquoi le docteur Grene, son directeur, doit s’efforcer de le vider de ses occupants, en définissant quels patients sont à même de retourner parmi « les vivants ». Cette « nécessité [le] mène […] à établir quelles circonstances ont amené ici certains patients et s’ils ont véritablement, comme ce fut tragiquement vrai dans certains cas, été internés pour des raisons sociales plus que médicales. Car [il] [n’est] pas idiot au point de croire que tous les « aliénés » de cette maison sont fous, ou l’ont été un jour, ou l’étaient avant de venir ici et d’apprendre une sorte de folie contagieuse. »
Le cas énigmatique de Roseanne McNulty l’interpelle, il éprouve un certain attachement pour cette vieille femme fragile, et il entreprend donc de retracer l’itinéraire de celle-ci dans son journal, sans savoir que l’attendent sous les lattes le récit d’une vie. Les deux récits s’entremêlent, créant un effet de profondeur et de richesse. Les deux écritures entrecroisées s’éclairent l’une l’autre, et leurs auteurs, deux êtres blessés et seuls, semblent se soutenir dans leurs peines, malgré les silences et les non-dits. Tous deux explorent leur mémoire, face aux insuffisances de celle-ci, et aux questions qui se posent petit à petit : quelle confiance peut-on avoir en cette mémoire ? Quelles transformations, quels fantasmes sont apparus, causés par les oublis volontaires et les traumatismes ? Peut-on encore « démêler le vrai du faux » après tant d’années d’obscurité ?
C’est tout un siècle de l’histoire de l’Irlande qui apparaît sous la plume de Roseanne. Sébastien Barry, le romancier, est parvenu à retranscrire avec fluidité et poésie le tragique de cette histoire intime, tout aussi douloureuse que la grande histoire. Cette femme se révèle profondément attachante, elle paraît si fragile, y compris lorsqu’elle s’exprime. Son témoignage, frêle et opalescent, m’a beaucoup touchée. Je pense que c’est un roman qui me marquera durablement, tant pour l’atmosphère qui s’en dégage, que par le personnage de Roseanne, au destin chaotique mais, en définitive, si beau. C’est la sincérité de Roseanne qui fait du Testament caché un témoignage poignant qui va droit au cœur.
Et ça, « c’est la vérité vraie. »