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L'histoire de Lily Pastré (1891-1974) est étonnante. Tout la destinait à se faire oublier au sein d'une famille nantie de la meilleure société commerçante et industrieuse qui fleurit à Marseille au cours du XIXe siècle jusqu'aux années cinquante. Son mariage, la dote du titre de comtesse, tout cela l'entraîne dans une vie partagée entre Paris et le Midi. Dans l'entre-deux-guerres, Lily est véritablement au balcon de l'avant-garde, à proximité du "groupe des six", attentive aux audaces des surréalistes, et vit son époque dans la mouvance de la "Coffee society" où s'expriment les derniers feux de l'aristocratie fortunée et d'une bourgeoisie éclairée.
En 1940, divorcée et définitivement installée à Marseille dans l'éblouissant domaine de Montredon, elle accueille, table et chambres ouvertes, tous ceux que l'époque bouscule et menace. Une sorte de Villa Médicis bondée s'ouvre, que l'on appelle, à juste titre, "le salon de Lily", où l'imagination, l'audace, l'entraide, la conversation, la musique, réunissent une société autour d'une femme dont le caractère, l'indépendance et la fantaisie s'affirment définitivement.
La création du Festival d'art lyrique en 1948 à Aix-en-Provence, l'installation des Compagnons d'Emmaüs sur son domaine, sont les effets collatéraux de son exceptionnelle générosité. Edmonde Charles-Roux, témoin et actrice de cette histoire exceptionnelle, évoque dans ces pages, dans un entretien malicieux, le singulier destin de Lily Pastré.