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La Bible est marquée par des relectures internes. L'Evangile de Matthieu renferme des racines juives et déploie son herméneutique à la lumière de l'intertextualité biblique. La péricope de Mt 4,1-11 est construite sur quatre citations explicites (Dt 6,13.16 ; 8,3 ; Ps 91 (90),11-12), ainsi que quelques références et allusions scripturaires. L'intersection entre ses sources et la voix du narrateur matthéen donne à repenser les questions exégétiques de réécriture et relecture, de réception et réinterprétation, d'appropriation et d'effet sur le lecteur de la Bible dans le contexte actuel.
Le récit matthéen des tentations de Jésus se présente comme un "midrash chrétien", élaboré sur des données typologiques et targumiques qui éclairent l'expérience de Jésus dans le désert à la suite d'Israël. Saisi au sein de la dynamique du premier Evangile dont il reflète les thèmes majeurs, Mt 4,1-11 comporte des perspectives théologiques fondées sur le messianisme de Jésus, la christologie théocentrique, la portée des miracles selon le Fils de Dieu, le rapport entre l'Ancien et le Nouveau Testament, le portrait du diable, et le caractère apologétique de ce récit.
Jésus, le diable et le narrateur matthéen font chacun un type de relecture des Ecritures. Quelques pistes herméneutiques s'en dégagent et interpellent le lecteur actuel de la Bible. Ainsi, l'approche littéraliste réalisée par le diable est à proscrire, au profit de la fécondité des applications contextuelles et existentielles faites par Jésus, ainsi que de l'approche actualisante menée par le narrateur matthéen.
De nos jours, la lecture canonique de la Bible est de très grande utilité pour qu'une telle exégèse soit rigoureuse.