Le sujet fondamental de la querelle janséniste, comme le souligne Mgr Guillaume dans sa préface : c'est le grave et difficile problème des relations entre la grâce de Dieu et la liberté de l'homme. Comment Dieu peut-il respecter cette liberté, s'il donne à l'homme une grâce efficace pour agir selon le bien ? Comment comprendre que la grâce, loin de détruire ou de diminuer la liberté de l'homme, en est, au contraire, la source permanente ? Nous nous représentons trop souvent les relations de l'homme avec Dieu en terme de concurrence : si Dieu fait tout, qu'ai-je encore à faire ? Si j'ai tout à faire, à quoi sert Dieu ? S'il est difficile de définir avec précision le mode de collaboration entre Dieu et l'homme, les opposer l'un à l'autre comme des adversaires n'est certainement pas la bonne solution. Ces querelles d'écoles théologiques, opposant, en particulier, jésuites et jansénistes avec, parfois, des expressions ou des méthodes confinant d la " haine ", s'entremêlent avec des différends entre personnes, entre courants spirituels et, aussi, avec des conflits de pouvoir... On imagine mal, aujourd'hui, l'importance de la crise janséniste, l'ardeur des opposants, ses multiple répercussions et implications, bien au-delà de l'arrangement de 1720, jusqu'à la Révolution et au-delà.