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1891.
Un sixième garçon naît au foyer de J.B. Bardel, maître carrier à La Ricamarie. Marguerite, sa femme, en a déjà perdu cinq, aussi couve-t-elle ce bébé comme la prunelle de ses yeux. Elle n'a qu'un souhait : qu'il comble les vœux de son mari : avoir un garçon pour lui succéder.
1896. La mort fauche le père sur le chantier. Sa veuve essaye de maintenir l'entreprise et place son fils en pension à Saint-Didier.
1903. Succombant sous les soucis, elle meurt d'une crise cardiaque. Le jeune Jean Baptiste a treize ans. Il est là, orphelin, derrière la carriole drapée de noir : " Je veux ma maman "
Commence alors une vie d'éternel pensionnaire. Régiment en 1913, la guerre, le front en 1917. Ni père, ni mère pour le recevoir pendant ses permissions. Recherche désespérée de l'âme sœur. Séminariste, soldat, mais avant tout orphelin !
Après 7 ans sous les drapeaux, il termine ses études, est ordonné prêtre et nommé vicaire à Allègre en 1922.
Il est tout feu, tout flamme. Rempli d'idées neuves, il refait le catéchisme, ne rêve que de chants grégoriens, lance un patronage de garçons, veut secouer cette paroisse endormie.
Il traduit aux sœurs du pensionnat les laudes et les hymnes de son bréviaire.
Et c'est le coup de tonnerre qui le transperce : " Vous avez compromis votre ministère, Monseigneur vous nomme vicaire à Saint-Pierre-Eynac "
C'est là, pendant sept années que ce " rebelle " va s'enfermer dans sa " Tour d'ivoire ", en pleine déprime, ulcéré d'avoir été condamné sans être entendu. Trois voyages, à Lourdes, Rome et Carthage lui donnent l'occasion de se ressaisir.
Jean-Baptiste Bardel est l'auteur le plus prolifique de la Haute-Loire, le plus sensible à ses paysages, à ses sucs, à ses vallées profondes. Pur produit d'une éducation religieuse stricte et sans ouverture sur le monde, il nous laisse un journal passionnant qui décrit les campagnes vellaves avec en toile de fond la lutte entre les instituteurs laïcs et les écoles privées, entre le Mémorial et la Tribune.
Années charnières où l'Église va céder, pas à pas, ses paroisses désertifiées, faute de combattants.