J’ai quelque peu peiné à faire cette chronique. Ce livre ne me lâche pas.
LUI : Bastien Lhermine gardien d’un lycée tenu par des jésuites se voit signifier sa mise à la retraite d’office avec perte de son logement de fonction. Bien sûr, il a dépassé l’âge de la retraite, mais ce traitement n’est pas digne, à mon avis, d’un homme d’une église qui prône le pardon et la bonté…
ELLE : Rose Sévère ; Son nom résonne comme un oxymore. Elle est historienne et mère célibataire.
ILS sont voisins et des liens d’amitié vont se tisser entre eux. Rose et Bastien
partiront ensemble pour le Potala cher à Bastien.
Dans ce livre beaucoup de paires. Bastien et Rose, Rose et Paul son fils, Bastien et le collège, Bastien et Tom, Rose et Tom, Bastien et Rose, Tom et Bastien.
Bastien, arrivé sur le toit du Monde a un malaise et se retrouve, dans le coma, à l’hôpital du Peuple. Savait-il ? Qu’a-t-il dit au moine pour accéder à ce lieu fermé ? Le moinillon qui marmonne des prières accroupi aux pieds du vieil homme puis qui continue ses litanies une fois Bastien à terre me le font penser.
Toujours dans le coma, juste avant son rapatriement sanitaire, Rose osera lui dévoiler le terrible secret qui la ronge. Dans l’avion, Bastien lui révèlera avoir tout entendu et lui fera aussi ses confidences (fausses ou vraies, nous le saurons plus tard ?). Cette prise en charge du secret de l’autre agira comme une béquille pour Rose et sera le chant du cygne de Bastien. Le cercle infernal de la faute, de la culpabilité sera ainsi brisé.
Une autre lecture intervient car Paul, écrivain, raconte l’histoire et Rose confirme et ou commente.
Arrive la fin de cette jolie histoire avec ce paragraphe « Nouvelles pièces à verser au dossier des brigades. J’ai essayé d’être claire et didactique. J’espère que tu en feras bon usage ». Rose, suite aux révélations de Bastien a cherché les preuves de ces « brigades tibétaines » sur Internet, ce que j’ai fait aussi sans tout comprendre de ce « salmigondis » (mot de Rose) ce ramassis d’histoires à dormir debout. « Aujourd'hui, je suis presque sûre qu'il avait prévu les questions qui soulèveraient ces fichues brigades, qu'il m'a ainsi obligée au parcours de démystification dont je viens de te rendre compte ».
La, le livre prend une tout autre dimension et n’arrête de me tarauder. Qu’il y a-t-il de vrai dans ces pages en fin du livre ? Vérité ou mystification ? Pourquoi ?
C’est un livre très maîtrisé, à plusieurs lectures entrelacées comme une tresse. Au début, j’étais avec un bon livre sur l’amitié, le secret ; un livre fort bien écrit et original (on peut en rester à ce stade sans problème)…. Puis me voici avec un sujet de réflexion sur la vérité ou la fiction, sur les secrets et leurs révélations, sur Hitler, le 3ème Reich et ses accointances vraies ou supposées avec le Dalaï-lama… Les pièces jointes font peur… Je pense qu’il faudra que je le relise.
Lyon, Tibet
De l'auteur, j'avais beaucoup aimé "Là où les tigres sont chez eux", paru il y a maintenant quelques années. C'est donc avec plaisir que je retrouve sa plume.
Ce court roman m'a littéralement embarqué au Tibet pour y découvrir le Potala.
Et puis le personnage de Bastien qui conservera sa part de mystères.
Le procédé narratif de l'auteur est intéressant et redonne vigueur au texte.
En revanche, la partie sur les liens entre Tibet et Troisième Reich ne m'a pas passionné.
L'image que je retiendrai :
Celle de l'aveugle qui chante dans les rues de Lyon, et à qui on a volé son accordéon. Cette figure-çi m'a touché, car je le croisais souvent à l'époque où j'étais étudiante dans cette ville. D'abord avec son accordéon, ce qui enchantait ma journée, puis sans, ce qui la rendait plus triste.
Une citation :
"Si vous vous intéressez un peu au Tibet, vous savez que les coïncidences n'existent pas, il n'y a que des rencontres nécessaires". (p.32)