Avant de se tourner vers la psychanalyse, d’endosser la cause de l’Ecole de la Cause Freudienne, et de se spécialiser dans l’écriture de pamphlets brûlants, Nathalie Jaudel a été avocate. Ses manières de procureure partiale et déchainée qu’elle déploie dans son livre montrent suffisamment ce à quoi les justiciables ont échappé. C’est un procès à charge, dans la pure tradition de l’Inquisition et des vaillants petits soldats de la cause millérienne, c'est à dire celle des gardiens du mausolée de Lacan acharnés à dézinguer quiconque prétend parler du Maître sans
l’imprimatur des Héritiers.
Il aura fallu 21 ans (vingt et un !!!) de macérations et de ruminations, de récriminations haineuses dont deux procès de la famille Miller, (un en appel et un perdu par les Miller) pour accoucher d'un laborieux brûlot.
Tout le livre de Nathalie Jaudel est fondé sur le ressentiment. Elle n'a pas connu Lacan et elle ne s'en remet pas. Elle s'en remet d'autant moins qu'elle ne supporte pas qu'Elisabeth Roudinesco ait grandi, elle, dans le sérail. D'où ce dépit amoureux enraciné dans l'envie et la jalousie qu'elle déguise en argument épistémologique et psychanalytique : "tranfert négatif " lit-on d’un bout à l’autre de son livre, confusion du statut d'historienne et de celle d'actrice de l'histoire dont elle rend compte. D'où des démonstrations emberlificotées de la procureure sur le jeu du "je" de l'auteure, sur l’interférence de sa subjectivité dans l’objectivité historienne, et d’une subjectivité donc, en proie à un « transfert négatif ».
Qu’en est-il ?
La méthode de Nathalie Jaudel apparaît de façon éclatante pages 95 et suivantes de son livre. Elisabeth Roudinesco raconte que Lacan doit se rendre aux Etats-Unis où il va rencontrer Noam Chomsky. Il va dans une librairie du quartier latin, au 27 rue Saint André des Arts, "La Répétition", s'y procure les livres de Chomsky et part, le paquet de livres sous le bras sans régler la note. Et il ne paiera jamais. C’est attesté par le témoignage d'un témoin direct : l'auteure, Elisabeth Roudinesco. Nathalie Jaudel, en fine procureure à charge, s’acharne à prouver la hargne et la volonté de nuire qui habitent Elisabeth Roudinesco.
Après son extraordinaire « plagiaire de soi-même » dont le ridicule a provoqué des cascades de fou-rire, la voilà qui invente une nouvelle catégorie policière et juridique : la preuve de la preuve. Le témoin direct doit apporter des preuves matérielles de la véracité de son témoignage !
Qu'est-ce qui prouve la vérité de ce témoignage ? Où sont les preuves ? Les archives ?
Elle imagine Elisabeth Roudinesco, l'acharnée à nuire et à médire de Lacan, revenant un mois, deux mois après dans cette librairie pour interroger le vendeur. A-t-il ou non payé ? Mais qu'en sait-elle donc Elisabeth Roudinesco, de ce qu'il en fut pour le vendeur et du paiement de ces livres ?! Quelle audace, quelle prétention d’affirmer que Lacan s’est livré ce jour-là à ce qui était devenu alors un sport national chez les intellectuels militants de la gauche révolutionnaire, amoureux des avant-gardes politiques et littéraires : aller se servir en prenant ses livres chez Maspéro et à la Répétition et en oubliant de payer.
Voilà l'auteure du Lacan prise en flagrant délit d'affabulation, portée par son tranfert négatif !
Voilà surtout la preuve de l'inconsistance du propos de Nathalie Jaudel : car Elisabeth Roudinesco avait quelques raisons d'être présente dans cette librairie, d'assister à la scène, de connaitre le vendeur, et les suites de ce « vol » : "La Répétition" était SA librairie. Et celle-ci était, dans les années soixante dix, un des centres de la vie intellectuelle des avant-gardes littéraires.
C'est chez Elisabeth Roudinesco que Lacan s'est rendu et a commis son « larcin ». Lacan a « volé » Elisabeth Roudinesco. Qui d’ailleurs, témoin de la scène, partagée entre sidération et rire, a pris toute cette affaire avec humour et n’a par la suite, bien évidemment rien reproché à Lacan. Oserai-je ajouter que j’ai été témoin de la scène, et donc témoin du témoignage d’Elisabeth Roudinesco. Quelle preuve matérielle vais-je devoir fournir à mon tour pour fonder mon témoignage aux yeux du néo-procureur Nathalie Jaudel ?
Dans son livre, Elisabeth Roudinesco n’emploie aucun des termes « vol » ou « larcin ». Car Lacan ne s’est pas caché, n’a rien dissimulé. Il a mis au grand jour le paquet de livres sous son bras, et est parti au vu et au su de tous. Ce jour-là, il n’a fait que se comporter comme à son habitude, une fois de plus, c’est à dire comme ce grand libertin aux mœurs transgressives, qui roulait à tombeau ouvert en effrayant ses passagers, ou qui commandait trois fois au restaurant de la soupe de truffes en guise de repas.. Précisément le Lacan, qu’Elisabeth Roudinesco nous donne à connaître dans son livre.
Visiblement, Nathalie Jaudel ignore tout de ce qu’était la vie intellectuelle de ces années-là, - et en particulier à la Répétition les vendredis soirs s-, trépidante, créative, et joyeuse. Elle l’ignore et ne peut rien y comprendre, car elle est engluée dans notre époque de basses énergies et de tristes rappels à l’ordre dont elle et son « Ecole » se font la police, en intimant le silence, celui du respect compassé devant la momie dans son mausolée. Tout le reste de son livre est à l'avenant.
Ce qui est clair, c’est non seulement son ignorance des faits, mais aussi de l’esprit qui a régné alors. Son portrait de Lacan, quelle misère ! Une chose vide, comme en creux ou en négatif, qui apparaît parfois, derrière ses réquisitoires de procureur sinistre. Ce Lacan adulé, cryogénisé et bien triste n’a rien à voir avec celui qu’il fut.
le dépit amoureux de Nathalie Jaudel
Avant de se tourner vers la psychanalyse, d’endosser la cause de l’Ecole de la Cause Freudienne, et de se spécialiser dans l’écriture de pamphlets brûlants, Nathalie Jaudel a été avocate. Ses manières de procureure partiale et déchainée qu’elle déploie dans son livre montrent suffisamment ce à quoi les justiciables ont échappé. C’est un procès à charge, dans la pure tradition de l’Inquisition et des vaillants petits soldats de la cause millérienne, c'est à dire celle des gardiens du mausolée de Lacan acharnés à dézinguer quiconque prétend parler du Maître sans l’imprimatur des Héritiers.
Il aura fallu 21 ans (vingt et un !!!) de macérations et de ruminations, de récriminations haineuses dont deux procès de la famille Miller, (un en appel et un perdu par les Miller) pour accoucher d'un laborieux brûlot.
Tout le livre de Nathalie Jaudel est fondé sur le ressentiment. Elle n'a pas connu Lacan et elle ne s'en remet pas. Elle s'en remet d'autant moins qu'elle ne supporte pas qu'Elisabeth Roudinesco ait grandi, elle, dans le sérail. D'où ce dépit amoureux enraciné dans l'envie et la jalousie qu'elle déguise en argument épistémologique et psychanalytique : "tranfert négatif " lit-on d’un bout à l’autre de son livre, confusion du statut d'historienne et de celle d'actrice de l'histoire dont elle rend compte. D'où des démonstrations emberlificotées de la procureure sur le jeu du "je" de l'auteure, sur l’interférence de sa subjectivité dans l’objectivité historienne, et d’une subjectivité donc, en proie à un « transfert négatif ».
Qu’en est-il ?
La méthode de Nathalie Jaudel apparaît de façon éclatante pages 95 et suivantes de son livre. Elisabeth Roudinesco raconte que Lacan doit se rendre aux Etats-Unis où il va rencontrer Noam Chomsky. Il va dans une librairie du quartier latin, au 27 rue Saint André des Arts, "La Répétition", s'y procure les livres de Chomsky et part, le paquet de livres sous le bras sans régler la note. Et il ne paiera jamais. C’est attesté par le témoignage d'un témoin direct : l'auteure, Elisabeth Roudinesco. Nathalie Jaudel, en fine procureure à charge, s’acharne à prouver la hargne et la volonté de nuire qui habitent Elisabeth Roudinesco.
Après son extraordinaire « plagiaire de soi-même » dont le ridicule a provoqué des cascades de fou-rire, la voilà qui invente une nouvelle catégorie policière et juridique : la preuve de la preuve. Le témoin direct doit apporter des preuves matérielles de la véracité de son témoignage !
Qu'est-ce qui prouve la vérité de ce témoignage ? Où sont les preuves ? Les archives ?
Elle imagine Elisabeth Roudinesco, l'acharnée à nuire et à médire de Lacan, revenant un mois, deux mois après dans cette librairie pour interroger le vendeur. A-t-il ou non payé ? Mais qu'en sait-elle donc Elisabeth Roudinesco, de ce qu'il en fut pour le vendeur et du paiement de ces livres ?! Quelle audace, quelle prétention d’affirmer que Lacan s’est livré ce jour-là à ce qui était devenu alors un sport national chez les intellectuels militants de la gauche révolutionnaire, amoureux des avant-gardes politiques et littéraires : aller se servir en prenant ses livres chez Maspéro et à la Répétition et en oubliant de payer.
Voilà l'auteure du Lacan prise en flagrant délit d'affabulation, portée par son tranfert négatif !
Voilà surtout la preuve de l'inconsistance du propos de Nathalie Jaudel : car Elisabeth Roudinesco avait quelques raisons d'être présente dans cette librairie, d'assister à la scène, de connaitre le vendeur, et les suites de ce « vol » : "La Répétition" était SA librairie. Et celle-ci était, dans les années soixante dix, un des centres de la vie intellectuelle des avant-gardes littéraires.
C'est chez Elisabeth Roudinesco que Lacan s'est rendu et a commis son « larcin ». Lacan a « volé » Elisabeth Roudinesco. Qui d’ailleurs, témoin de la scène, partagée entre sidération et rire, a pris toute cette affaire avec humour et n’a par la suite, bien évidemment rien reproché à Lacan. Oserai-je ajouter que j’ai été témoin de la scène, et donc témoin du témoignage d’Elisabeth Roudinesco. Quelle preuve matérielle vais-je devoir fournir à mon tour pour fonder mon témoignage aux yeux du néo-procureur Nathalie Jaudel ?
Dans son livre, Elisabeth Roudinesco n’emploie aucun des termes « vol » ou « larcin ». Car Lacan ne s’est pas caché, n’a rien dissimulé. Il a mis au grand jour le paquet de livres sous son bras, et est parti au vu et au su de tous. Ce jour-là, il n’a fait que se comporter comme à son habitude, une fois de plus, c’est à dire comme ce grand libertin aux mœurs transgressives, qui roulait à tombeau ouvert en effrayant ses passagers, ou qui commandait trois fois au restaurant de la soupe de truffes en guise de repas.. Précisément le Lacan, qu’Elisabeth Roudinesco nous donne à connaître dans son livre.
Visiblement, Nathalie Jaudel ignore tout de ce qu’était la vie intellectuelle de ces années-là, - et en particulier à la Répétition les vendredis soirs s-, trépidante, créative, et joyeuse. Elle l’ignore et ne peut rien y comprendre, car elle est engluée dans notre époque de basses énergies et de tristes rappels à l’ordre dont elle et son « Ecole » se font la police, en intimant le silence, celui du respect compassé devant la momie dans son mausolée. Tout le reste de son livre est à l'avenant.
Ce qui est clair, c’est non seulement son ignorance des faits, mais aussi de l’esprit qui a régné alors. Son portrait de Lacan, quelle misère ! Une chose vide, comme en creux ou en négatif, qui apparaît parfois, derrière ses réquisitoires de procureur sinistre. Ce Lacan adulé, cryogénisé et bien triste n’a rien à voir avec celui qu’il fut.