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À découvrir
Elles sont rares ces pépites là. Ce roman proposé comme le manuscrit de quelqu'un qui avec ses mots et les moyens dont elle dispose va dire sa vérité, raconté un bref au moment où tout va changer, où le drame n'est jamais loin et où l'on peut à l'époque encore apprendre à lire et à écrire. Ils sont rares ces romans habités par un être charismatique, un esprit vif, une personnalité hors norme. On y côtoie avec eux ce qui engendre les joies et les peines, les êtres et les choses. On suit quatre saisons, quatre unités temporelles qui à l'époque accompagnaient la vie et les sentiments. Un court roman dont le rythme est donné par la vivacité d'un être candide et bienveillant et du rapport qu'elle entretient au monde. On est au commencement comme commence certain livre plus important, un début dans la vie plein de promesses et de dangers.
Nous sommes en 1831 et Mary a quinze ans. Dans son pauvre français de paysanne, des crampes dans les doigts tant elle se hâte d’écrire avant une terrible échéance qui ne se dévoilera qu’à la fin, elle raconte son histoire, plus précisément le drame qui a fait chavirer sa vie au cours de la dernière année écoulée.
Mary est la dernière des quatre filles d’une famille de paysans pauvres du Dorset, dans le sud de l’Angleterre. Mis à part le grand-père infirme qui, cloué sur sa chaise, n’est plus qu’une bouche inutile, tous triment, du lever au coucher du soleil, aux
durs travaux de la ferme, leur vie de bêtes de somme ne laissant guère de place aux sentiments. Entre la brutalité du père et la sécheresse mutique de la mère, les filles besognent doublement pour faire oublier la catastrophe d’être, toutes quatre, nées faibles femmes. Avec sa langue bien pendue, son adoration pour l’aïeul improductif et, surtout, sa patte un peu folle, Mary est celle dont le père choisit de se passer aux champs, pour l’envoyer gagner quelques sous au service du pasteur et de son épouse malade.
Dans cette demeure cossue sise au coeur du village, à seulement quelques encablures de chez elle, l’adolescente découvre tout ce qui la sépare d’un monde bourgeois dont elle n’avait jusqu’ici aucune idée. A sa stupéfaction et à son dépaysement se mêlent bientôt des sentiments partagés : certes mieux vêtue et nourrie, à l’abri des coups et bientôt initiée à la lecture et à l’écriture, elle expérimente aussi l’avilissement et l’humiliation, seule et sans recours face à la toute puissante respectabilité des notables. Pot de terre parmi les pots de fer, elle apprendra toute la fatalité de sa condition...
Menée au gré d’une grammaire hésitante ignorant notamment les majuscules, dans une langue emplie d’expressions imagées exprimant à merveille une spontanéité franche et naïve, une intelligence maline et une lucidité pleine de bon sens, la narration fait surgir de son époque une jeune paysanne aussi vraie que nature, entourée de personnages si crédibles les uns que les autres qu’ils en crèvent tous les pages. C’est durablement impressionné que l’on referme ce roman tellement implacable et magistral, en pourtant si peu de pages. Très grand coup de coeur.
Mary a des rêves mais elle ne sait pas lesquels.
Avec ses trois soeurs, elle travaille à la seule force de ses bras et sans répit les trois arpents de la ferme. Sous la férule d'un père brutal et l'indifférence d'une mère résignée.
Mary se réconforte dans la chaleur et la douceur du pelage de sa vache préférée, la tête posée contre son flanc qui donne à ses cheveux la couleur du lait.
Pourtant Mary aime sa campagne du Dorset si rude, si belle. Elle est arrachée brutalement à la ferme pour être placée en tant que servante dans la famille du révérend Graham.
Mary
n'a pas le choix mais elle garde la liberté d'être elle-même, une jeune fille simple et franche. Un comportement et une intelligence qui séduisent, lui ouvrent l'apprentissage de la lecture et de l'écriture en même temps qu'ils la forcent à l'obéissance la plus servile.
Dans ce roman à la fois âpre et lumineux, Mary écrit son histoire tragique. Au commencement de l'année 1830 qui condense de manière intense sa vie en quatre saisons.
Elle se confie dans une langue dénudée et sauvage. Mary n'est pas une figure romantique, Mary est rebelle et libre. Totalement libre.
Ma chronique:
http://www.leslecturesdelily.com/2016/01/la-couleur-du-lait-coup-de-cur-ecrit.html
Extrait de mon avis: Le voici mon premier coup de cœur de l'année !!
Je vous présente La couleur du lait de Nell Leyshon, un roman court mais très intense. L'histoire se déroule en 1831, nous découvrons la vie de Mary, 15 ans, grâce à ses écrits puisqu'elle retrace son histoire dans un journal. La mise en pages et les ponctuations sont gênantes, je ne vous le cache pas. Il n'y a pas de majuscules, les tirets ne sont pas présents lors des dialogues, il y a des fautes d'orthographe et
de conjugaison, mais tout s'explique lorsque nous découvrons la raison pour laquelle ce livre nous est présenté ainsi. D'ailleurs, nos premières impressions de gêne, passent à ce moment-là au second plan, car l'histoire prend largement le dessus.
Mary est un personnage extrêmement attachant. J'ai de suite aimé cette jeune fille pour son caractère, pour sa bonté, son dévouement et pour son envie de bien faire malgré le souhait d'être entourée par les siens.
En fait, son père a proposé les services de sa fille au pasteur Graham contre de l'argent. Mary doit alors s'occuper de la maîtresse de maison qui est très souffrante. La jeune fille n'a qu'une envie : retourner avec ses parents et ses sœurs, mais elle n'a malheureusement pas le choix et doit passer ses jours et ses nuits près de sa famille d’accueil. Heureusement, elle va très vite s'attacher à la femme du pasteur et va essayer de lui apporter les meilleurs soins pour soulager ses maux. La suite de l'histoire je ne vous la raconterai pas, elle mérite vraiment d'être lue.
Plus j'avançais dans ma lecture et plus mon cœur se serrait et à la fin, le coup de cœur était inévitable.
J'ai aimé la particularité et la singularité de ce roman.[...]
Pour lire la suite rdv sur mon blog www.leslecturesdelily.com
Dans les années 1930, une jeune fille décide d'écrire son histoire. Issue d'un milieu paysan, elle a eu la chance d’accéder à la culture en allant travailler dans un presbytère.
Une écriture brute, fluide, énigmatique, qui m'a transportée du début à la fin. On se laisse happer et on plonge délibérément dans une autre époque.
Une histoire magnifique pour ses personnages, sa construction, son rythme, ses mots.
A lire absolument !
"La couleur du lait" est le premier roman traduit en français de l'auteur anglais Nell Leyshon.
Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est atypique!
Déjà la notion même de roman est discutable. Cette confession de mary, pardon m.a.r.y. s'apparente davantage à du récit qu'à du roman. D'ailleurs, m.a.r.y. le répète elle même au début de chaque partie:
"ceci est mon livre, et je l'écris de ma propre main". Et accentue la chose plusieurs fois par "Je vous ai promis de dire la vérité et je l'ai fait".
Ensuite, c'est un drôle de livre par sa forme: les phrases sont
courtes et ressemblent à un poème. Et pourtant, c'est davantage du langage oral que du langage écrit.
Il n'y a pas une seule majuscule dans l'ensemble de ce très court roman, ni aucune séparation dans les dialogues ce qui étonne, dérange et demande une certaine acclimatation.
Peu engageant ni encourageant à se plonger dans les 175 pages du livre me direz vous? Bien au contraire, détrompez vous, cette confession est magistrale et à l'arrivée on découvre un livre formidable!
Le style? Je n'ai pas eu de mal à m'y faire contrairement à mes doutes des premières pages.
L'écriture ? C'est la façon de parler d'une paysanne sans peur ni reproche qui est ici parfaitement exprimée et maitrisée par l'auteur. Une vraie réussite!
Les mots sont certes simples mais l'histoire de m.a.r.y. est prenante, touchante, émouvante. Et notre intérêt va crescendo.
Aucun pathos malgré le fait que la narration est celle d'une paysanne naïve qui ne sait ni lire ni écrire.
Au contraire, c'est un des très gros points forts du livre. m.a.r.y. dit ce qu'elle pense quelle que soit la personne qu'elle a en face. Le choix de la forme, du style et donc au final de l'écriture décrivent admirablement bien la condition des femmes au Royaume Uni au milieu du XIXème siècle.
Au travers des quatre saisons (du printemps 1830 au printemps 1831), on vit la descente aux enfers de la pauvre paysanne, devenue la bonne du pasteur.
On est pris dans l'histoire, on se laisse porter par elle. Des passages très émouvants, d'amour, de fidélité et d'amitié... Quel délice, quel bonheur!
Un exemple.? Ce qui m'a profondément ému: l'amour pour son enfant triomphe toujours (vous verrez lorsque vous lirez le passage final dans le foin avec son père).
Même si la dernière partie et cette fin sont affreusement douloureuses et difficiles à accepter...
J'ai commencé ce livre sans ambition particulière, juste intrigué par les très nombreuses critiques positives. J'en ressort touché et conquis!
Il y a tant de choses à dire sur "La couleur du lait" ...
A lire indéniablement
4/5
Ca commençait mal : la couleur blanche citée toutes les trois phrases ; des comparaisons avec le blanc, au cas où le lecteur serait un peu long à la détente.
Et puis finalement, j'entre dans l'histoire.
Le style ne m'a pas déplu, ni les phrases sans majuscule. J'ai plus été déroutée par la brutalité du père, le travail sans fin, l'absence de sentiments.
La révélation finale n'est pas étonnante, finalement, malgré sa dureté.
J'ai aimé le personnage de mary, sa franchise et sa compréhension rapide des choses de la vie. Son entêtement, jusqu'au bout.
L'image que
je retiendrai :
Celle de mary, entrant dans le boudoir de madame et ne sachant pas ce qu'est un oreiller ni à quoi sert une salle à manger, étonnée devant le bleu coordonné de la pièce.
http://motamots.canalblog.com/archives/2015/01/13/31274458.html
Prenez une grande inspiration avant de plonger dans cette Angleterre rurale du XIXème siècle. Suivez au travers de son "journal" la vie d'une adolescente, Mary, qui quitte la ferme familiale pour aller travailler comme servante dans la demeure du pasteur local. Elle quitte un monde de violence et de dureté pour découvrir un monde plus feutré et silencieux où elle apprendra à lire et à écrire, mais à quel prix... Cet être simple, candide mais vrai, va se trouver plonger dans une tourmente qui se tait.
"Il prend au coeur," voilà comment je décrirais cette oeuvre. Pardonnez l'expression,
mais une boule se forme au plus profond des tripes, qui ne fait que grandir page après page, alors que nous suivons le destin de cette gamine. Une écriture simple, naïve, mais pas niaise, renforce ce sentiment (note pour plus tard: feuilleter la version originale).
Et puis, le fait que je vienne d'une ferme perdue dans une campagne française et que j'ai retrouvé dans le phrasé de Mary certaines expressions et certains rythmes qui me parlent n'ont fait qu'accroître mon attachement envers le personnage principal.
En bref, une belle claque et un livre à lire.
"Et après, je serai libre"...
Lu pratiquement d'une seule traite, en oubliant presque de respirer tant l'intensité dramatique qui se dégage de ce court roman m'a saisie "aux tripes", La couleur du lait est un de ces moment rare en littérature, où le temps n'existe plus.
A travers les yeux d'une adolescente fruste, comme le veut le milieu dont elle provient, mais d'une vivacité d'esprit, d'un instinct de répartie, d'une honnêteté, d'une fraîcheur désarmante, ce récit nous décrit la vie rurale de l'Angleterre du XIX° siècle, avec ses coutumes, ses préjugés, ses non-dits, ses violences larvées. Ce premier roman traduit en France de Nell Leyshon est la démonstration éclatante d'un immense talent. Et j'en suis restée pétrifiée.