Les sociétés contemporaines démocratiques se caractérisent par une érosion générale de la confiance dans leur fonctionnement. En contre-partie, on observe donc un accroissement des réactions de défiance. Celle-ci va s'organiser et s'exprimer à travers plusieurs formes: pouvoirs de surveillance, les formes d'empêchements, les mises à l'épreuve d'un jugement. Ce sont ces trois contre-pouvoirs qui structurent la contre-démocratie. Comme l'explique Pierre Rosanvallon, cette dernière n'est pas l'adversaire de la démocratie. Bien au contraire, son objectif va donc être de prolonger
et d'en étendre les effets.
Seulement, dans les sociétés contemporaines, la rupture avec la confiance est générale. Elle s'illustre notamment d'un point de vue politique puisque les citoyens souhaiteraient avoir davantage de contrôle afin de veiller à ce que le pouvoir élu reste fidèle à ses engagements. La défiance s'illustre également dans la sphère macro-économique. Nous sommes entrés dans un monde économique beaucoup moins prévisible « parce que régit par un système d’interactions plus ouvert et plus complexe ». Globalement, les sociétés ont rompu avec l'optimisme scientifique et les individus se fient moins les uns aux aux autres parce qu'ils ne se connaissent plus assez. Comme l'écrit Rosanvallon, nous sommes bien dans une « société de défiance généralisée ».
Ces temps ont vu donc la montée en puissance de ce que l'auteur nomme le « peuple-juge ». La période actuelle a vu la dégradation de la souveraineté critique, « qui participait de façon constructive de la vie conflictuelle de la démocratie », en une souveraineté essentiellement négative voire parfois régressive. La contre-démocratie risque alors de se définir uniquement comme une succession de rejets, de réactions populistes purement réactives bien plus que de projet constructif et cohérent.
Le citoyen s'est mué en un consommateur politique de plus en plus exigeant, « renonçant tacitement à être le producteur associé de ce monde commun » mais dans un même temps, les citoyens acceptent de moins en moins de se contenter de voter et de donner leur blanc-seing à ceux qui les représentent. « Ils veulent voir leurs opinions et leurs intérêts plus concrètement et plus continûment pris en compte ». Comme l'explique l'auteur, il est d'abord vital de conjurer le risque d'une dégradation de la contre-démocratie afin qu'elle ne soit pas uniquement synonyme de rejets.
Pierre Rosanvallon s'appuie donc sur des exemples historiques qui permettent de montrer des formes d'institutions de contre-démocratie qu'il s'agit ensuite d'adapter aux sociétés contemporaines. Il revient sur les magistrats de la Grèce antique, le Tribunat sous le Consulat ou le Conseil des censeurs en Pennsylvanie en 1776 notamment. Ce que l'auteur observe, c'est qu'en France cette dualité a toujours échoué face à une vision jacobine du monisme démocratique. La dualité a systématiquement été perçue comme une incohérence pouvant semer des germes de confusion. Elle nous est même devenue presque illisible à nos yeux tellement l'élection a finit par s'imposer « comme une sorte d'institution démocratique totale ».
Or, force est de constater que la démocratie n'a pas pu répondre à toutes les attentes qui avait été fixées en elle. Son avenir repose sur le terrain de l'expertise et des veilles citoyennes qui pourront lui donner une nouvelle force.
D'où le projet de « Constitution mixte » proposée par Pierre Rosanvallon. La véritable contre-démocratie instituera une citoyenneté plus active et plus participative. Notamment, en instituant une contrainte permanente d'argumentation et de justification du pouvoir. Ce qui permettra de tisser un lien réfléchi et la reconstitution d'un monde commun.
Un étude passionnante !
Contre-démocratie
Les sociétés contemporaines démocratiques se caractérisent par une érosion générale de la confiance dans leur fonctionnement. En contre-partie, on observe donc un accroissement des réactions de défiance. Celle-ci va s'organiser et s'exprimer à travers plusieurs formes: pouvoirs de surveillance, les formes d'empêchements, les mises à l'épreuve d'un jugement. Ce sont ces trois contre-pouvoirs qui structurent la contre-démocratie. Comme l'explique Pierre Rosanvallon, cette dernière n'est pas l'adversaire de la démocratie. Bien au contraire, son objectif va donc être de prolonger et d'en étendre les effets.
Seulement, dans les sociétés contemporaines, la rupture avec la confiance est générale. Elle s'illustre notamment d'un point de vue politique puisque les citoyens souhaiteraient avoir davantage de contrôle afin de veiller à ce que le pouvoir élu reste fidèle à ses engagements. La défiance s'illustre également dans la sphère macro-économique. Nous sommes entrés dans un monde économique beaucoup moins prévisible « parce que régit par un système d’interactions plus ouvert et plus complexe ». Globalement, les sociétés ont rompu avec l'optimisme scientifique et les individus se fient moins les uns aux aux autres parce qu'ils ne se connaissent plus assez. Comme l'écrit Rosanvallon, nous sommes bien dans une « société de défiance généralisée ».
Ces temps ont vu donc la montée en puissance de ce que l'auteur nomme le « peuple-juge ». La période actuelle a vu la dégradation de la souveraineté critique, « qui participait de façon constructive de la vie conflictuelle de la démocratie », en une souveraineté essentiellement négative voire parfois régressive. La contre-démocratie risque alors de se définir uniquement comme une succession de rejets, de réactions populistes purement réactives bien plus que de projet constructif et cohérent.
Le citoyen s'est mué en un consommateur politique de plus en plus exigeant, « renonçant tacitement à être le producteur associé de ce monde commun » mais dans un même temps, les citoyens acceptent de moins en moins de se contenter de voter et de donner leur blanc-seing à ceux qui les représentent. « Ils veulent voir leurs opinions et leurs intérêts plus concrètement et plus continûment pris en compte ». Comme l'explique l'auteur, il est d'abord vital de conjurer le risque d'une dégradation de la contre-démocratie afin qu'elle ne soit pas uniquement synonyme de rejets.
Pierre Rosanvallon s'appuie donc sur des exemples historiques qui permettent de montrer des formes d'institutions de contre-démocratie qu'il s'agit ensuite d'adapter aux sociétés contemporaines. Il revient sur les magistrats de la Grèce antique, le Tribunat sous le Consulat ou le Conseil des censeurs en Pennsylvanie en 1776 notamment. Ce que l'auteur observe, c'est qu'en France cette dualité a toujours échoué face à une vision jacobine du monisme démocratique. La dualité a systématiquement été perçue comme une incohérence pouvant semer des germes de confusion. Elle nous est même devenue presque illisible à nos yeux tellement l'élection a finit par s'imposer « comme une sorte d'institution démocratique totale ».
Or, force est de constater que la démocratie n'a pas pu répondre à toutes les attentes qui avait été fixées en elle. Son avenir repose sur le terrain de l'expertise et des veilles citoyennes qui pourront lui donner une nouvelle force.
D'où le projet de « Constitution mixte » proposée par Pierre Rosanvallon. La véritable contre-démocratie instituera une citoyenneté plus active et plus participative. Notamment, en instituant une contrainte permanente d'argumentation et de justification du pouvoir. Ce qui permettra de tisser un lien réfléchi et la reconstitution d'un monde commun.
Un étude passionnante !