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L'Orient est, au plein sens du terme, imaginaire : il occupe une place névralgique dans l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes. Il est à l'Occident ce que l'altérité est à l'identité, ce que le passé et la tradition sont à l'avenir et à la modernité. Miroir de notre refoulé, il est à la fois le rêve et la mort. Mais les peuples de cette région du monde que nous avons l'habitude d'appeler Proche-Orient sont, eux, bien vivants.
Leur présence et leurs aspirations nous interpellent sous des formes parfois brutales et désagréables, face auxquelles nous sommes tentés de puiser à l'arsenal des vieux clichés. L'accumulation de notre imaginaire oriental, en effet, a fini par former un faisceau d'images complémentaires et contradictoires qui expliquent en partie les difficultés que nous éprouvons devant l'Islam. A travers l'étude des fonctions successives qu'a remplies l'Orient imaginaire au cours des diverses étapes de la pensée politique occidentale, ce livre interroge les fondements de la connaissance de l'autre.
L'autre est un détour pour revenir à soi, et l'usage qu'on en fait reste forcément ethnocentrique. Encore faut-il en prendre conscience : l'ethnocentrisme n'est pas une simple myopie dont on puisse se défaire, c'est la condition même de notre regard sur le monde.