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Les régimes autoritaires et totalitaires apparus en Europe durant l'entre-deux guerres se présentaient comme des solutions à long terme aux problèmes politiques du moment et comme les meilleurs modes de gouvernement possibles pour leur société, en particulier par rapport aux régimes démocratiques parlementaires. Tel n'est pas le cas des dictatures qui se mettent en place en Uruguay, au Chili et en Argentine dans les années soixante-dix.
Elles manifestent une véritable schizophrénie idéologique. Tout en gouvernant par décret et en ayant recours à une répression féroce pour faire taire leurs opposants, les forces armées ne parviennent pas à se soustraire totalement à l'influence de la légitimité démocratique. Tout en repoussant le plus longtemps possible leur départ du pouvoir, elles ne cessent de présenter leur installation à la tête de l'Etat comme transitoire.
Tenter de consolider et de légitimer un ordre politique dictatorial en s'appuyant sur l'idée de démocratie, fut-ce sur l'idée de démocratie autoritaire, est une entreprise pour le moins périlleuse. La notion de démocratie autoritaire introduit une confusion des genres politiques et une série de contradictions idéologiques qui rendent aléatoire l'entreprise de légitimation des dictatures. Il y a donc une leçon d'optimisme à tirer de la sinistre expérience des régimes militaires du Cône sud : leur impossibilité à se démarquer de la référence démocratique contribue à terme à leur échec et à leur remplacement par des régimes démocratiques.