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Ce livre met en lumière une exception surprenante parmi les
"travailleurs sous contrat", embarqués d'Afrique et demeurés
dans l'île. Une composante généralement peu discernable : au
fil des générations, un même processus de
déculturationcréolisation a rapproché les descendants des
"contractuels" des descendants des anciens esclaves. Les
fondateurs de la grande famille Massembo, établie dans un
recoin escarpé de Basse Terre, sont arrivés en ces lieux vers
1860.
La plupart de leurs descendants y habitent encore, et
c'est là qu'ils célèbrent chaque année, au soir du ter novembre,
un rituel extraordinaire, le "grapp a kongo". On trouvera dans
ces pages une reconstitution saisissante, quasi
cinématographique, de cette cérémonie à grand spectacle.
Mais on y trouvera aussi de quoi nourrir la réflexion. En
portant une attention empathique aux gestes et aux paroles, en
analysant des histoires de vie, en transitant des nostalgies aux
espérances, l'auteur donne à comprendre ce qui a poussé les
Massembo à perpétuer, contre vents et marées, un tel culte des
morts.
Car il s'agit bien là d'une célébration, étrangement
décalée, des grands ancêtres congolais. Situé au confluent de
l'Histoire, de l'Ethnologie, de la Sociologie et de la
Linguistique, cet ouvrage propose une approche
compréhensive d'un "lieu de mémoire" crucial pour qui
s'intéresse au monde caraïbe. On y rencontrera aussi des
aperçus inattendus sur le rôle des femmes dans le maintien de
l'identité culturelle et dans la résistance à la folklorisation.