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Au sortir de la barbarie nazie et du totalitarisme, les droits de l'Homme sont devenus une exigence à l'échelle du monde. Le juge, quittant ses lourds habits de servitude, a désormais la possibilité d'être l'allié de la démocratie, le gardien de nos libertés. Mais que pèse ce nouveau juge face à la doctrine sécuritaire qui s'étend de jour en jour ? A-t-on besoin de lui pour tenir la promesse d'une sécurité absolue, pour appliquer le principe de précaution aux hommes ? S'il faut repérer au plus vite les futurs " déviants ", contrôler et ficher tous les suspects, enfermer systématiquement et le plus longtemps possible les " hommes dangereux ", à quoi bon un juge indépendant ? La justice sécuritaire n'est alors qu'un simple maillon dans une " chaîne de sécurité ", allant de la police à la prison.
Dans une société du risque zéro, le juge, à vouloir trop comprendre, devient un risque. Il est encore temps de résister à la peur et à la démagogie. Il est encore temps de revenir à l'homme, de redonner du temps à la justice pour remplir le rôle qui doit être le sien dans une démocratie. Juger, ce métier improbable, devient alors possible et même indispensable, pour que les droits de l'Homme deviennent une réalité et les libertés une exigence.
Sécurité ou libertés?
Jusqu'où peut-on aller dans le sacrifice des libertés dans un but sécuritaire ?!
Le juge est-il là pour sauvegarder les libertés ou n'être qu'un simple maillon d'une chaîne sécuritaire ?!
Serge Portelli nous livre un ouvrage fort, extrêmement bien documenté, passionné (passionnant) et bien écrit.
En parlant des tribunaux: "il faudrait que tous ceux dont la liberté est menacée puissent y venir avec espoir (...).Que le juge soit amoureux des libertés encore plus que respectueux du droit".
En parlant de l'augmentation des gardes à vue: "Quant au nombre de gardes à vue, il fallait qu'il augmente chaque année. Dans tous les domaines (...). Si il est bien un lieu où cette stratégie, directement inspirée de ce que le management privé fait de pire, n'a pas sa place, c'est bien dans ce domaine de la police et de la garde à vue".
A lire absolument, que vous pensiez comme moi (ou non) que le paradis sécuritaire, "vendu" plus vigoureusement que jamais au moment des élections, est un leurre.
Serge Portelli, vice-président au tribunal de Paris publie régulièrement depuis la parution de son premier livre "création et prison" aux éditions de l'Atelier en 1995.
Pour ma part j'ai découvert son intelligence, son intégrité et son courage à l'écoute de son "discours des Glières" lors des rencontres"Paroles de Résistance" en 2010.