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Invitée à donner trois leçons de poétique à l'université de
Hambourg, Yoko Tawada prononce sa première conférence le
4 mai 2011, moins de deux mois après la catastrophe qui
marque d'ores et déjà un tournant décisif de l'histoire du Japon
moderne. Son propos s'en trouve, dès lors, transformé. Le nom
de Fukushima s'inscrit désormais à côté de celui de Hiroshima
comme un emblème de la relation problématique que le Japon
entretient avec sa propre insularité et avec l'altérité
occidentale.
Ces conférences sont l'occasion de s'interroger sur
l'image du Japon en Occident depuis trois siècles. Après avoir
tenté de concilier le strict isolement qui préservait sa culture
avec l'établissement de relations commerciales très
circonscrites, le Japon a fini par accueillir sans retenue la
modernité occidentale. Evitant le piège qui consisterait à juger
une culture par l'autre, Yoko Tawada préfère éclairer les
transferts et les glissements de sens opérés par l'Histoire, afin
de mieux comprendre le présent.
Les thèmes de ces leçons
entrent de ce fait en résonance avec les textes que la
romancière a publiés dans la presse germanophone en réaction
à la récente catastrophe nucléaire. Augmentés d'un texte plus
récent écrit en japonais, ils illustrent la vigilance critique de
l'auteur et constituent une première réponse à l'injonction
"d'écrire après Fukushima".