Jean Couy. Oeuvre Sur Papier Precede De Un Peintre Du Silence

La finesse était assurément le trait dominant de la personnalité de Jean Couy. C'est elle également qui marque son travail de peintre dont une association veut aujourd'hui faire mieux connaître l'ampleur et la diversité. Jadis Jankélévitch, s'intéressant à la fugitivité de l'essentiel, intitula l'un de ses textes Le je ne sais quoi et le presque rien ! Quel beau titre pour un livre qu'on consacrerait à Jean Couy ! Une musique indéfinissable tirée des perspectives imaginaires d'un jardin éclairé par la lune, d'une assemblée de pommes un moment assoupies, telle est l'incroyable vérité et la délicate sensation dont porte témoignage dans chaque toile, dans chaque dessin, la main de Jean Couy. Organiser une association qui aura pour soin de mieux faire entendre cette mélodie visuelle, c'est donner au geste fugitif du peintre toutes ses chances face à l'oubli qu'imposent à la délicatesse les machineries impératives. Nous appelons tous les poètes, les fleurs bleues comme ceux qui cherchent dans l'élixir du verbe une raison de se perdre, nous les appelons tous à nous rejoindre amicalement, avec ce ferme sentiment toutefois qu'une œuvre aussi essentiellement sentie, nul n'est en droit de la laisser sous le boisseau. L'heure de la sensibilité sonne chaque fois que l'un de nous prend le temps de s'arrêter pour voir, pour sentir, pour se laisser envahir par un tableau de Jean Couy : bonheur de peindre, bonheur de voir et de faire mieux connaître un de nos grands peintres ami. Jacques Leenhardt