Jan Bucquoy n'est jamais où on l'attendait. Le croyait-on performeur, le voilà cinéaste. Le croyait-on cinéaste, le voilà performeur. Le croyait-on l'un ou l'autre, le voilà qui mêle les deux. Qu'on n'aille pas croire, cependant, à de la dispersion, ou à de la confusion de sa part ; qu'on n'aille pas croire, non plus, à quelque course éperdue, dans le désir toujours d'être à la page, d'être à la mode, sinon même de la lancer, recherche de la nouveauté pour la nouveauté, afin toujours de se faire remarquer. Tout au contraire, il s'agit d'échapper ici, autant qu'il est possible, à la société du spectacle, d'échapper aux dispositifs de sa vanité. De sorte que ces déplacements, ces détournements successifs de la part de Jan Bucquoy se comprennent bien plutôt, si l'on y regarde plus près, comme l'arsenal même des mouvements tactiques, ou mieux, stratégiques, qu'il y oppose depuis la fin des années 60. Sous l'apparence de la diversité, la persistance, donc, du même combat. Sous l'apparence du désordre, un désordre volontaire, réfléchi, au sens d'une contestation résolue de l'ordre établi. L'amorce, l'esquisse d'une révolution.