Né en Algérie, en 1938, de parents pieds-noirs établis depuis plusieurs générations, Pierre Claverie quitte son pays natal à l'âge de dix-neuf ans pour entreprendre des études universitaires en France. Dix ans plus tard, après être devenu religieux dominicain, il rentre en Algérie, se lance avec enthousiasme dans la découverte de la société algérienne et devient progressivement cet " homme des deux rives ", capable de goûter et de faire aimer la saveur des différences. Lorsque, à partir de 1990, l'Algérie est confrontée à la violence, Pierre Claverie, nommé évêque d'Oran en 1981, s'engage à fond dans le combat pour une Algérie fraternelle et ouverte. Il est assassiné le 1er août 1996, comme le furent beaucoup d'autres Algériens, connus ou anonymes, ainsi que plus d'une vingtaine de religieuses et religieux. À partir de 1957, quand Pierre Claverie part pour la France, les quatre membres de la famille (le père, la mère, Pierre et sa sœur Anne-Marie) s'écrivent : une lettre par semaine et cela pendant quarante ans ! Le premier volume de cette correspondance - unique, puisque nous disposons, au moins pour une période de quelques années, de toutes les lettres qu'ils se sont échangées - commence en 1967, lorsque Pierre rejoint l'Algérie où va se dérouler toute sa vie d'homme et de religieux, jusqu'à sa mort. Offrant un mélange subtil de principes bien affirmés et de liberté intérieure, de sérieux et d'humour, la cellule familiale a pour âme Etienne Claverie, le père, qui a une verve de conteur et un grand bonheur des formules.
Nous avons là un document exceptionnel et rare, non pas seulement à cause de la personnalité d'un des protagonistes, du lieu où il vivait et où il s'est impliqué comme religieux puis comme évêque, mais aussi par l'originalité et par les qualités littéraires de cette correspondance familiale.