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"Flic dans l'âme, flic de terrain, traqueur de voyous, je l'ai été pendant plus de vingt ans. Mon gibier : les braqueurs, les truands, les malfaisants. Des flags, j'en ai collectionné des dizaines. La presse m'a collé l'étiquette de "super flic". En fait, j'étais simplement un passionné : j'aimais l'excitation de la traque. Je n'ai jamais eu à tirer sur quelqu'un, je n'ai jamais perdu un homme. J'ai gagné le respect des flics, celui de voyous, et celui des magistrats.
Et puis, un jour, j'ai dérivé. Dans les sphères de la haute voyoucratie, j'ai cru que je pouvais manipuler. Mais c'est moi qui ai été manipulé. La chute a été brutale : mise en examen, procès, prison. On m'a accusé d'avoir touché de l'argent : je n'ai pas pris un centime. On m'a soupçonné d'avoir affaire à la drogue : je n'ai jamais fumé ne serait-ce qu'un pétard. On m'a décrit comme un fou de luxe parce que j'ai conduit une Ferrari pendant un quart d'heure.
Depuis "l'affaire Neyret", je suis stigmatisé comme un ripoux total. Ce que je ne suis pas, ce que je ne serai jamais. Jamais. La justice voit tout en noir ou blanc. La vérité, elle, est plus nuancée. Je la connais, cette vérité. Et je la livre ici."
Parcours d'un grand flic
Attention ne venez pas chercher ici de la grande littérature et une plume d’exception, ce n’est pas le sujet.
Mais plus que la forme c’est le fond qui prime ici car l’ancien Commissaire nous livre un témoignage riche. Il est excellent conteur à défaut d’auteur.
Il revient sur près de 30 années passées à la tête de la Police Judiciaire lyonnaise. Ce qui l’a amené jusqu’à Lyon et pourquoi il y est resté. Son histoire est passionnante, il nous fait plonger dans le Lyon noir et mal famé des années « gangs » avec tout ce qu’il recèle d’anecdotes, de rencontres (bonnes et mauvaises), de filouterie et de violence. Braquages, prises d’otages, trafics, le grand banditisme n’a pas de secret pour lui et, à son image, il en parle avec humilité et simplicité.
Certes, tout n’est pas dévoilé mais on comprend mieux comment tout s’est orchestré, on comprend mieux ses choix. Vient alors la question : et si il n’avait pas fait tout cela ? Quelle meilleure technique que celle de se fondre dans le décor ? Pour approcher et attraper les voyous, n’est-on pas obligé à un moment donné de devenir un peu comme eux ?
Le tout est de ne pas se brûler les ailes, de ne pas se faire aveugler par les paillettes et tout ce qui brille.
Homme de terrain et passionné, Michel Neyret a payé cher (pour beaucoup d’autres) le prix de son déguisement.