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L'existence de fait d'une peinture dite "abstraite" pose un problème non seulement au public et aux théoriciens, mais aussi aux artistes. Il y a là une "incertitude" spécifiquement picturale dont de multiples enquêtes ou polémiques montrent qu'elle n'est pas le "faux problème" trop commodément dénoncé par certains... Or, selon Charles-Pierre Bru, le problème de l'abstraction ne se poserait pas vraiment - il ne serait pas, du moins, le problème actuel de la peinture - si l'abstraction ne présentait pas simultanément un "bon" et un "mauvais" côté, si elle n'avait pas fait à la fois "gagner" et "perdre" quelque chose au peintre...
Et cette simple remarque permet déjà de desserrer l'étreinte d'une alternative rigide entre la conception traditionnelle - "figurative" - de la peinture et sa conception abstraite actuelle... Mais en quoi consistent exactement ce gain et cette perte ? Pour répondre à cette double question capitale, il fallait situer le débat sur un terrain où il soit susceptible d'aboutir. C'est pourquoi, après avoir analysé et défini l'abstraction en elle-même et l'avoir située à sa place dans l'évolution d'ensemble de la peinture, l'auteur fait intervenir les notions de la "psychologie de la forme" et de la "psychologie du comportement", en même temps que la théorie générale de la production humaine, technique et artistique, de ses conditions et de sa fonction...
Dès lors, le problème de l'abstraction devient celui du "dépassement" de la peinture abstraite actuelle dans une "nouvelle peinture". Nouvelle peinture que l'esthéticien ne saurait d'ailleurs ni prévoir, ni prescrire et que seul le peintre peut faire. A une "Esthétique de l'Abstraction" revient donc seulement la tâche - mais c'est déjà beaucoup - de poser correctement le problème et d'éclairer les perspectives dans lesquelles la recherche effective du peintre pourra s'engager.