En novembre 1998, la justice décidait la liquidation de l'association EquiLibre. Avec la fin de cette entreprise-association se tournait une page de l'histoire de l'humanitaire, un secteur en pleine croissance depuis les années quatre- vingt, dont les acteurs parvenaient difficilement à la maturité. En douze ans, de 1986 à 1998, l'association lyonnaise, ses animateurs, ses salariés, ses bénévoles, ont apporté de l'aide à des centaines de milliers de personnes. C'était bien la moindre des choses, l'essentiel des fonds provenant de budgets publics, en particulier européens, ou de dons privés. Enthousiasme, générosité, idéalisme, mais aussi parfois, risques, gaspillage, dérapages : EquiLibre a cristallisé bien des excès. Ces dérives ont été causées par les dysfonctionnements d'un groupe hybride, associatif et commercial, dont les fondateurs, en particulier le président-fondateur, n'admettaient aucun contre pouvoir. EquiLibre fut pour des centaines de personnes, salariés
ou bénévoles, le lieu d'un apprentissage souvent douloureux de l'engagement humanitaire. Une histoire dont beaucoup sont sortis meurtris, porteurs de fragments d'une vérité que la plupart ne sont jamais parvenus à exprimer, d'une douleur qui demeure vive, quatre ans après.