Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
Lorsqu'il contemple son image, Narcisse devient indifférent aux bruits du monde, abîmé qu'il est dans le face à face avec le miroir. De la même façon,...
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Lorsqu'il contemple son image, Narcisse devient indifférent aux bruits du monde, abîmé qu'il est dans le face à face avec le miroir. De la même façon, un sujet qui vit dans l'illusion de la pure transparence à soi (Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes) prétend accéder à lui-même sans médiation, et donc dans l'ignorance de toute voix étrangère. Si le moi est pure transparence, la parole de l'autre ne peut être qu'altération ou aliénation. Mais on sait qu'à côté du fameux Préambule des Confessions, Rousseau évoque, dans un autre manuscrit, Augustin et Montaigne. Et c'est heureux, car à oublier le monde, Narcisse va à sa perte. En porte-à-faux avec lui-même, le sujet moderne doit reconnaître qu'on ne coïncide pas avec soi sans détour et qu'autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même, comme l'écrit Sartre dans L'Etre et le Néant. La vérité suppose ainsi un détour par une instance autre : doubles imaginaires comme dans certaines biographies, miroirs textuels et autres fictions du moi. Le paradoxe est ainsi que la voix de l'autre est cela qui autorise l'avènement d'une parole singulière.