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La vision de l'Europe qui se dessine à la Renaissance, posant comme postulat fondateur l'héritage de la Grèce et de Rome, a eu pour corollaire tout un impensé arabe, musulman et juif ; avec, par voie de conséquence, l'affirmation d'une vocation gréco-romaine de la Méditerranée. On oublie, de ce fait, que c'est par le biais des traductions d'ouvrages arabes effectuées notamment à Tolède que s'est opérée l'appropriation d'une partie des savoirs et des concepts grecs, véhiculés par les Arabes ou enrichis par eux.
De même, c'est par le biais d'Averroès, commentateur d'Aristote, que fut ouverte une des voies menant à la sécularisation et à la modernité en Europe. Le monde arabo-musulman, quant à lui, souvent retranché dans un essentialisme identitaire oublieux de ses racines grecques et de la démarche cognitive médiévale qui fut la sienne, s'est trouvé en grande partie dépourvu d'outils conceptuels face à la modernité.
Deux histoires mutilées de part et d'autre : ceci est lourd de conséquences à l'heure de la construction de l'Europe et alors que le bassin méditerranéen est devenu un des lieux stratégiques où se joue le sort de la paix dans le monde. C'est au prix d'un travail de mémoire salutaire soulignant les imbrications complexes, les héritages croisés et restaurant en quelque sorte l'unité de la Méditerranée, à travers toutes ses composantes, que pourront s'établir en fin de compte, et pour une large part, des relations sereines entre l'Occident et le monde arabe.