Biographie de Guillermo Cabrera Infante
Guillermo Cabrera Infante (1929-2005) est né à Gibara (Cuba). Journaliste précoce, collaborant dès l'âge de dix-neuf ans à la revue Bohernia, il fonde en 1959, dans le droit fil de la révolution castriste, le supplément littéraire Lunes de Revoluci6n, qu'il dirige jusqu'en 1961. Il écrit des nouvelles qu'il publie en 1960, Dans la paix comme dans la guerre, dans lesquelles il a déjà construit l'essentiel du monde romanesque à venir : vie nocturne à La Havane, univers de prostitution "touristique", gangstérisme, musique cubaine, autant d'eaux-fortes sur la réalité crépusculaire de l'ère de Batista, avec un soupçon de subversion "fidéliste".
Homme de cinéma, il tient dans Carteles la rubrique hebdomadaire de critique qu'il signe du pseudonyme G Cain - de Ca(brera) ln(fante) -- et il fonde et dirige la cinémathèque de Cuba. En 1963, il publie l'ensemble de ses chroniques sous un titre original : Un ofcio del siglo XX. En désaccord avec le régime, il est nommé en 1962 attaché culturel en Belgique pour l'éloigner de Cuba. En 1965, il rompt définitivement avec le castrisme et il s'exile, d'abord en Espagne, puis à Londres.
Entre-temps il publie son chef-d'oeuvre, Trois tristes tigres, qui remporte en 1965 à Barcelone le prix Biblioteca Breve et à Paris, en 1970, le Prix du meilleur livre étranger. En Angleterre, Cabrera Infante partage son temps entre le cinéma pour lequel il écrit des scénarios (dont celui de Wonderwall), des collaborations à maintes revues et une oeuvre littéraire féconde jalonnée par divers titres, dont Orbis oscillantis, et couronnée en 1979 par un second gros roman, La Havane pour un Infante défunt, qui, revenant une dernière fois sur l'enfance et Cuba, dans une poignante nostalgie et une admirable maîtrise, constitue en fait l'adieu à un territoire linguistique et culturel.
Devenu citoyen britannique, Cabrera Infante écrit en anglais et publie en 1986 un roman intitulé Holy Smoke, édité en 2007 en français sous ce même titre. Paraissent ensuite, en espagnol, deux recueils de nouvelles, Coupable d'avoir dansé le cha-cha-cha (1995) et Le miroir qui parle. Il reçoit en 1995 le prestigieux prix Cervantes pour l'ensemble de son oeuvre.