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La chair, dès le titre, des mains ou " l'événement d'un visage ", dès les premiers vers, nous sont donnés... Or, dans ces photographies, pas une image de corps, pas un visage. Un bouton de porte, des rectangles ou diagonales de lumière, des reflets de voilages (l'ombre d'un déshabillé), le rebord d'une baignoire, un rideau de douche, une serviette de toilette. Des éclats lumineux éparpillés, scintillants – diffractés.
Mais partout des tons de chair, une surface comme épidermique : tout est chair quand il n'y a pas un bout de peau dans l'image ; tout est dans l'oeil qui saisit l'image quand le visage est absent. Et le poème de résonner : " lés de chair ", " temps frémissant ", " empreinte / de la disparition / motilité du vide ". Il y a une présence intense dans ces photographies alors qu'elles ne sont qu'ombres et reflets.
Il y a " l'ombre portée / d'un vis-à-vis ", parce qu'ici s'ensable / un arrière / pays ", " ici le soi de soi ". A aucun moment dans Chair de l'effacement le poème ou l'image ne s'écartent l'un de l'autre, ils se renforcent, se tissent l'un l'autre. Le poème serait la colonne (dans la mise en page, déjà, à la verticalité prononcée), les photos la chair, de ce que l'on pourrait appeler un livre-empreinte, un livre-en-négatif, en un beau retournement : d'un effacement tout proclame la présence, la chair donc...
" Aussi le chemin le plus court / vers le Poème / n'est-il pas la phrase / mais son effacement ". Le Poème en tant que champ (chant) d'une apparition – quelque chose, quelqu'un, là.