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C'est avec une certaine virtuosité que Martin Provost nous donne un livre drôle et fantasque : « Bifteck ». Il nous raconte la vie d’André Plomeur et surtout nous raconte l’origine, la légende toute littéraire d’un « met » courant aujourd’hui : le hamburger. Car cet étrange sandwich prend peut-être en effet sa source dans les plus traditionnelles maisons bretonnes. « André Plomeur est né à Quimper, par un beau jour d’avril. » André est le fils de Loic et Fernande Plomeur, boucher et bouchère à Quimper. C’est une maison sérieuse ; « La carotte chez Plomeur, c’était
la garniture du bœuf, pas le plat de résistance ». C’est une boucherie traditionnelle qui soigne sa clientèle, de vrais commerçants. Quand ils ont un fils, André, il est bien sur fait pour reprendre le commerce familial. Enfant, « jamais on ne lui raconta une seule histoire ». Son premier mot sera : « Bifteck ! » Il a même un certain don pour la boucherie ce garçon et en plus il est mignon. En grandissant, il a même un certain charme qui ne déplait pas du tout aux clientes. « A peine aperçu-t-elle le jeune André derrière l’étal de sa boutique ; qu’un petit cri jaillit du fond de sa poitrine. Elle n’était pas la seule. A la vue des doigts rouges et gonflés qui palpaient la bidoche, toutes les ménagères décollaient très nettement du sol. » Il a même beaucoup de succès, on dit de lui qu’il a « le don de faire chanter la chair ». Toutes l’aiment et n’hésitent pas parfois à tromper leurs maris. Ça jazze à Quimper et c’est 7 marmots à la suite dont hérite le bel André, tous de mères différentes dont il ne renie ni la charge ni la paternité. On a même dans cette petite ville tranquille des cas d’illuminations par la chair, toutes l’aiment assez fort pour prendre du plaisir et lui donner un rejeton. Vous vous en doutez la situation devient de plus en plus sulfureuse dans la petite ville alors notre homme décide de fuir Quimper où un corbeau commence à sévir. Commence alors une odyssée délirante ou notre boucher rêve d’Amérique avec sa marmaille : « Tout y sentait l’Eden, la fortune à gogo ». Premier boucher breton à avoir traversé l’atlantique, André enfantera encore une île mystérieuse dans un délire sans limites qu’on pourrait rapprocher de pages les plus folles de Vendredi où la vie sauvage. Ses enfants nourris à la meilleure viande et par leur voyage (parce qu’il faut bien que le voyage fasse son effet) enfanteront à leur tour une nouvelle nourriture terrestre. Petite comédie délirante, récit décalé des origines et style virtuose, trois générations nourries à la viande ou la métaphore bouchère s’allie à celle de l’amour et du voyage pour donner une lecture inédite que les végétariens pourraient apprécier aussi….
A table !
N'écoutez surtout pas tous ceux qui nombreux vont vous dire que la rentrée littéraire est sinistre. Elle contient aussi pas mal de petites perles comme le livre de Martin Provost qui en plus de vous faire rire en partie pourrait aussi vous interloquer de la manière la plus originale qui soit.
Au programme, avec la très grande virtuosité qui est la sienne, André un boucher beau comme un dieu qui de la boucherie quimperoise typique de ses parents va nous faire côtoyer l'andouille et le mythe jusqu'à nous révéler peut-être l'origine mythique du hamburger...
Insolite ! Et un vrai régal (les végétariens peuvent le lire bien sur avec le même plaisir).