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"... Je vais me tirer. J'ai fini : seize piges". La porte est lourde, infiniment lourde. Elle va s'ouvrir pour le numéro matricule 6817, René Biard. Le jour de ses onze ans, il s'appelait 222, il a eu quinze jours au cachot. C'était la première fois. Il était à l'école Théophile Roussel de Montesson. Une maison de redressement. Il avait été abandonné là par ses parents. Cela n'en finira plus. On lui apprend l'horreur, la brutalité, le raffinement dans la traîtrise.
Après Montesson, Fresnes, pour un vol qu'il n'a pas commis, puis la colonie pénitentiaire de Belle-Ile, pour des sottises et Fresnes encore. La souricière, les cages, le mitard : c'est sale, sombre, triste, affreux. Inimaginable. Voilà les souvenirs. Ce qui a frappé pour toujours le petit garçon puis l'homme. Une jeunesse en prison. Le drame lancinant d'un homme qui ne pleure pas. Il n'y a pas que cela.
René Biard a vécu de 1939 à 1945 dans le monde des truands et des mouchards de Pigalle. Il raconte la "libération" de Paris comme il l'a vue : les salauds devenus héros. Il avait vingt ans. Il n'était pas partisan, il savait seulement qu'il fallait vivre.