" A la vingtaine, je me croyais arrivé : directeur artistique d'une revue de cinéma, puis d'une agence de pub, je baignais comme un poisson dans l'eau (qui essaie d'éviter les requins) dans la vie parisienne. A la trentaine, je suis parti respirer l'oxygène des collines du Luberon avec la joie infantile d'un " véritable " retour à la nature, avec tout ce que cela comporte: chauffage au poêle à bois, légumes bios, militant dans une association écolo et naturellement traité de " parigot ". Parallèlement à tout fia, j ai participé à la naissance des éditions Equinoxe, aux premières années héroïques. Aujourd'hui, j'ai franchi la quarantaine, et si Equinoxe jouit d'une certaine maturité, quant à moi, je n'arrive toujours pas à répondre à la question: " qu'est-ce que tu ceux faire, quand tu seras grand ? " " Photographe ? " Peut-être, mais dilettante. Je n'ai pas envie de qualifier de professionnel ce qui me fait plaisir Du reste, je n'ai pas de diplôme de photographe et mon matériel n'a rien de sophistiqué. Je me moque du " piqué " ou du " grain " et trouve même qu'une photo floue n'est pas nécessairement ratée. En fait, je suis plutôt un laborantin qui aime soigner les tirages. Je me régale de traiter la photo numérique sur mon ordinateur. C'est comme avoir une super chambre noire, et en plus ça ne sent pas le produit chimique. Depuis plus de trois ans, je suis installé à Arles, à la Roquette, avec vue sur le Rhône. Dire que j'aime mon quartier, le pays et les arlésiennes serait trop facile. Alors j'ai fait ce liure, en hommage. Et trayez-moi, ce fut un sacré travail - pardon ce fut un réel plaisir ! " Etienne Marie.