Amibes Libres Et Sante Publique. Essai D'Evaluation De Risque

La prise de conscience de la nocivité des amibes libres, témoins assez banals de notre environnement aquatique, tient à la survenue d'accidents très rares mais gravissimes de méningo-encéphalites contractées lors de baignades en piscines ou en eaux douces. Mais quelle est en fait l'ampleur de ce risque sanitaire ? Que sait-on des amibes livres, de leur écologie, de leur pathogénie, des conditions de l'exposition humaine à ces protozoaires, d'autres manifestations pathogènes, directes ou non, de la sensibilité des êtres humains, des approches préventives ? L'ensemble de ces problèmes est abordé par les auteurs dans un esprit particulier, l'évaluation des risques pour la santé publique que constituent la méningo-encéphalite amibienne primitive à Naegleria fowleri et l'encéphalite amibienne granulomateuse à Acanthamoeba. L'évaluation des risques, selon les critères de l'Environnement Protection Agency aux Etats-Unis, est ici une démarche formalisée qui doit aider à la prise de décision sur des bases aussi transparentes que possible. Il est frappant de constater que l'ensemble des pathologies à amibes libres résulte de modifications écologiques d'origine anthropique avec sélection d'espèces pathogènes intéressant l'environnement à des échelles fort différentes. C'est le cas du réchauffement des eaux douces naturelles dû à des activités industrielles, mais aussi des piscines. Les deux situations concernent a priori des populations importantes pratiquant la baignade ou les loisirs aquatiques ; or les approches préventives sont quasiment inexistantes dans le premier cas, plus réalistes dans le second. Le risque multivalent dû aux amibes libres pose donc la question de la responsabilité humaine en termes de modification de l'écologie des milieux hydriques avec leurs implications technologiques et préventives. Cela concerne indirectement ou non, à des degrés divers de pathogénie et d'effets sanitaires, des milieux ouverts (eaux douces réchauffées, baignades) ou fermés (habitat, piscines et spas, établissements de soin ou de thermalisme...) qu'il convient de mieux connaître et/ou de gérer.