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Parmi les oubliés de l'historiographie de la guerre d'Indochine française, figurent sans contestations possibles les combattants originaires d'Afrique. Et pourtant 200 000 d'entre eux participèrent à la campagne d'Extrême-Orient de 1947 à 1954. Après avoir étudié ce que fut la vie des militaires métropolitains (dans Les combattants français face à la guerre d'Indochine, 1945-1954) Michel Bodin consacre à ces soldats maghrébins et africains une étude minutieuse fondée sur la réécriture de sa thèse d'Etat, sur l'examen rigoureux des archives détenues par le Ministère de la Défense et sur le dépouillement de nombreux témoignages de cadres de la Coloniale et de l'Armée d'Afrique.
Ce livre qui peut se lire pour lui-même, poursuit et parfait la description sociologique de ces hommes, présentée par l'auteur dans Soldats d'Indochine, 1945-1954. Pris dans le contexte général du Corps Expéditionnaire, ces combattants au service de la France connurent en bien des circonstances une vie semblable à celle de leurs camarades métropolitains. Cependant, leurs spécificités tenant à la tradition, à leurs origines géographiques, à leurs mentalités et à leur statut en font des soldats différents.
L'ouvrage invite aussi à s'interroger sur les conséquences de l'emploi de "troupes indigènes" dans un conflit de décolonisation, autrement dit sur les effets de la campagne d'Indochine, sur l'évolution de l'Afrique et tout particulièrement sur celle de l'Algérie. Michel Bodin aborde toutes les questions (problèmes des effectifs et de l'engagement des soldats d'Afrique, vie des hommes, leurs réactions face au pays, à la guerre, quotidien du soldat, moral et évolution de l'état d'esprit, pertes et répercussions sur la décolonisation...) avec la rigueur de l'historien universitaire et offre ici une étude inédite qui complète utilement les connaissances sur la guerre d'Indochine.
Tirailleurs, goumiers, spahis et bigors resurgissent au fil des pages. Les Anciens du Corps Expéditionnaire y retrouveront les hommes qu'ils ont côtoyés et souvent commandés. Les plus jeunes, les chercheurs et les curieux, y puiseront des informations nouvelles.
