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La célèbre collection Montgomery d'art japonais mingei (qui regroupe plus de 1 200 objets) comprend 150 pièces de textiles traditionnels. Le collectionneur, Jeffrey Montgomery, possède également une collection extraordinaire de kimonos confectionnés entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle. Cet ensemble de costumes - publiés ici pour la première fois - fait l'objet du présent ouvrage, Kimonos Art déco : tradition et modernité dans le Japon de la première moitié du XXe siècle.
Cette collection exceptionnelle comprend des kimonos de cérémonie, semi-cérémoniels ou de tous les jours, des vestes honni, et des sous-kimonos qu'ont portés des hommes, des femmes et des enfants. Alors qu'un certain nombre de ces vêtements témoignent - par les motifs et les techniques utilisées pour appliquer ces dessins - d'une continuité historique, d'autres attestent d'une rupture très nette avec la tradition.
Par exemple, les kimonos réalisés pendant l'ère Taisho, c'est-à-dire dans les années 1910-1920, se signalent par leurs emprunts aux mouvements artistiques et thèmes en vogue à cette époque dans les pays occidentaux. Ils ne semblent plus adhérer aux
références traditionnelles du textile japonais. L'influence de l'Art nouveau et de l'Art déco, notamment, est caractéristique de ce nouveau style de kimono.
Portés par de jeunes Japonaises indépendantes, urbanisées et modernes, ces kimonos sont le reflet de la modernisation (occidentalisation) du Japon, au début du XXe siècle. La collection couvre sans nul doute l'une des périodes les plus dynamiques de l'histoire du costume national japonais. Cette époque s'ouvre sur les derniers soubresauts du kimono " vivant " - ou, en d'autres termes, du vêtement qui occupe une place à part dans la vie des Japonais -, porté quotidiennement par la majorité des habitants de l'archipel.
Dans les années 1940 et 1950, les tenues occidentales ont commencé à détrôner le kimono.
Peu après, ce costume ne fut plus porté qu'en des circonstances exceptionnelles. Aujourd'hui, il est de nouveau à la mode et les jeunes femmes (à Tokyo
en tout cas) se sont mises à porter des kimonos anciens - notamment ceux de l'ère Taishô - en les mettant au goût du jour. L'essai rédigé par l'éditeur et l'auteur principal de l'ouvrage, Annie Van Assche, Kimonos d'hier et d'aujourd'hui, retrace l'histoire du kimono - du tout début jusqu'à nos jours - et analyse la collection à l'aune de cette évolution.
D'autres essais, par Anna Jackson, Elise K. Tipton, Reiko M. Brandon et Akiko Fukai, couvrent plusieurs aspects socio-historiques qui ont affecté la mode des kimonos au début du XXe siècle : les nouveaux styles influencés par les mouvements artistiques occidentaux (Art nouveau, Art déco, etc.) ; l'émergence de la nouvelle femme (atarashii onna), et comment sa participation à la société a contribué à transformer de fond en comble la politique et la culture japonaises ; les souvenirs d'une fillette japonaise qui a grandi au Japon dans les années 1930 et 1940 ; et l'influence exercée par la coupe du kimono sur la mode parisienne au début du XXe siècle.