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S'il est un livre qui, à lui seul, a sauvé la mémoire d'une civilisation entière, c'est bien celui du frère franciscain Bernardino de Sahagùn. Arrivé au Mexique en 1529, il a passé sa vie au coeur du peuple indien, jusqu'à sa mort à 90 ans ; il s'est entièrement consacré à recueillir, avec acharnement, passion et méthode, tout ce qui était encore vivant du patrimoine culturel des anciens Mexicains.
On lui doit la majeure part des connaissances que l'on peut avoir aujourd'hui de la langue nahuatl et en somme inestimable de témoignages de première main sur la vie, l'art, les sciences et l'histoire es aztèques. Pendant soixante ans, Sahagùn a fait partie des Espagnols qui, comme Bartolomé de Las Casas, ont poursuivi le rêve de la fondation d'une nouvelle civilisation, d'une nouvelle nation, évangélisée certes, mais ne reniant pas le passé des peuples indiens.
Rêve constamment bafoué par les conquérants. Le travail même de Sahagùn a été nié. En 1577, Philippe II ayant interdit toute recherche sur les civilisations indiennes, le manuscrit de son premier travail, achevé, lui est confisqué, ses brouillons mêmes disparaissent. Il consacre ses dernières années, ses forces déclinantes, à reconstituer fiévreusement son oeuvre. Après sa mort, celle-ci est restée si bien caché que l'Histoire générale n'est redécouverte qu'en 1730 et publiée cent ans après, et d'autres textes bien plus tard encore, dans le cours du XIXe siècle ! Dans son importante introduction, Jean Rose, qui est l'auteur du choix des textes présentés ici, dégage le portrait de l'homme et de la pensée aztèques à partir de l'oeuvre de Sahagùn et dresse une évaluation de la valeur et des limites de son témoignage.