Comment dire, il arrive que certains livres vous donnent le vertige. C’est souvent le cas avec ceux de Borgès ou encore de Walter Benjamin dans un autre genre. Il arrive que la densité d’un livre vous projette dans un dédale qui n’aurait jamais de fin, un musée qui conjuguerait les collections du Louvre, du Moma, de L’Ermitage et du Métropolitan, ajoutez y tous les rayonnages de la Bibliothèque Mazarine, de la BNF, et de celle du Congrès, sans compter des dizaines de kilos de coupures de presse et vous obtenez cette “Chronique des sentiments” d’Alexander Kluge. Ce grand
intellectuel, né en 1932, qui travailla avec Théodor W. Adorno - l’un des créateurs de l’école de Francfort – et fut l’assistant de Fritz Lang de livre un premier tome labyrinthique qui fonctionne comme un inventaire infini qui relierait textes anciens et modernité.
On parcourt les pages de cet ouvrage avec un sentiment d’ivresse profonde. Kluge nous propose en effet une poétique de la synthèse, un abime de connaissances qui va de la simple anecdote à la réflexion philosophique la plus profonde le tout dans un montage quasi cinématographique où les séquences se succèdent dans un montage enivrant. On vacille devant ce récit total, cette étonnante toile céleste tissée de rencontres improbables et de d’oppositions théoriques. Pour cet auteur qui n’accorda que peu d’intérêt à la poésie on est saisit par l’incroyable mouvement de cette oeuvre inclassable de plus de 1000 pages, une oeuvre que Malraux, en son temps, n’aurait pas manqué de célébrer.
“Chronique des sentiments” d’Alexander Kluge fonctionne comme un documentaire dont le sujet serait l’état de notre monde, un état en constante évolution où s’enchevêtrent d’incroyables histoires, les travaux philosophiques des plus grands penseurs, des anecdotes qui sont autant de pièces d’une collection de curiosités. Toutes ces “images de pensée” – le mot est de Walter Benjamin - s’entrechoquent dans un mouvement spatial brownien qui embrasserait la totalité à travers mille points de vue constamment renouvelés. Un véritable projet romantique qui conjuguerait l’infini et l’idéal. Un condensé d’intelligence à l’état pur….
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Comment dire, il arrive que certains livres vous donnent le vertige. C’est souvent le cas avec ceux de Borgès ou encore de Walter Benjamin dans un autre genre. Il arrive que la densité d’un livre vous projette dans un dédale qui n’aurait jamais de fin, un musée qui conjuguerait les collections du Louvre, du Moma, de L’Ermitage et du Métropolitan, ajoutez y tous les rayonnages de la Bibliothèque Mazarine, de la BNF, et de celle du Congrès, sans compter des dizaines de kilos de coupures de presse et vous obtenez cette “Chronique des sentiments” d’Alexander Kluge. Ce grand intellectuel, né en 1932, qui travailla avec Théodor W. Adorno - l’un des créateurs de l’école de Francfort – et fut l’assistant de Fritz Lang de livre un premier tome labyrinthique qui fonctionne comme un inventaire infini qui relierait textes anciens et modernité.
On parcourt les pages de cet ouvrage avec un sentiment d’ivresse profonde. Kluge nous propose en effet une poétique de la synthèse, un abime de connaissances qui va de la simple anecdote à la réflexion philosophique la plus profonde le tout dans un montage quasi cinématographique où les séquences se succèdent dans un montage enivrant. On vacille devant ce récit total, cette étonnante toile céleste tissée de rencontres improbables et de d’oppositions théoriques. Pour cet auteur qui n’accorda que peu d’intérêt à la poésie on est saisit par l’incroyable mouvement de cette oeuvre inclassable de plus de 1000 pages, une oeuvre que Malraux, en son temps, n’aurait pas manqué de célébrer.
“Chronique des sentiments” d’Alexander Kluge fonctionne comme un documentaire dont le sujet serait l’état de notre monde, un état en constante évolution où s’enchevêtrent d’incroyables histoires, les travaux philosophiques des plus grands penseurs, des anecdotes qui sont autant de pièces d’une collection de curiosités. Toutes ces “images de pensée” – le mot est de Walter Benjamin - s’entrechoquent dans un mouvement spatial brownien qui embrasserait la totalité à travers mille points de vue constamment renouvelés. Un véritable projet romantique qui conjuguerait l’infini et l’idéal. Un condensé d’intelligence à l’état pur….
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)