Il souffle un vent de fraicheur et de liberté dans ce livre, à l’image de l’institution psychiatrique que dirige le père de la narratrice / auteur. La Borde est un établissement au concept nouveau, les patients ne sont pas des résidents, mais des pensionnaires associés à la gestion de leur établissement.
Manou vit là, avec ses parents, et c’est quelques années d’insouciance qu’elle va nous relater dans un joyeux désordre.
L’écriture est fantaisiste comme la petite Borde, agréable et limpide. Cependant, j’aurais apprécié y trouver un peu plus de consistance… Il
m’a semblé, que les choses, les faits, et les personnages auraient pu être davantage travaillés. Emmanuelle parait s’être quelque peu bridée dans l’évocation d’une part d’enfance, dans ses peines qu’elle n’aborde que du bout de la plume.
« Ma mère a disparu de ma vie comme une bulle de savon qui éclate. »
« Je demande au Gouvernement des morts à passer un petit moment avec ma mère. Je ne demande pas grand-chose, juste un quart d’heure. Je me suis dit qu’il fallait insister. Je le demande chaque jour. »
Une plume, qui, quand l’auteur se lâche, se veut fine, poétique et intimiste, mais se rétracte aussi vite pour ne laisser que la fantaisie.
La Borde en héritage
Fille du psychanalyste et philosophe Félix Guattari, Emmanuelle Guattari, dit Manou, propose son regard d'enfant sur la Clinique de La Borde, où elle a grandit.
Successions de petites anecdotes, le récit a le mérite de poser la question du plus fou en montrant que de jeunes enfants élevés au coeur d'une telle institution ne se posent pas la question de la peur quand tous les adultes habitants alentours regardent l'expérience comme un danger potentiel pour eux et leur famille.
Avec poésie, elle entrouvre la porte sur ses peines et ses joies, nous fait rire parfois. Mais voilà bien le défaut de ce livre, dans une construction chaotique, elle ne fait qu'entrouvrir cette porte et laisse au lecteur un sentiment d'inachevé.