Vernon Subutex, tome 1 est le dernier roman de Virginie Despentes et c'est aussi avec celui-ci que je découvre enfin cet auteur. J'en ai très souvent entendu parler mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de la lire.
En refermant la dernière page de ce tome 1, je suis bien embarrassé pour le chroniquer et le noter... Comment écrire une critique objective...?
Compliqué pour moi pour plusieurs points:
- Il n'y a pas réellement d'intrigue/histoire, ou tout du moins Virginie Despentes se sert de ce tome 1 pour poser les bases de l'histoire de Vernon Subutex en nous présentant
son "héros" et l'ensemble des personnages qui gravitent autour. Du moins j'ose l'espérer...
C'est bien fait, bien écrit et surtout très détaillé. Que de personnages! Que de détails sur la vie, l’œuvre, les pensées de chaque personnage. On s'y perd tellement on jongle entre les différents acteurs. Mon premier regret...
- Le style de l'auteur: ultra contemporain, explicite, cru, vulgaire, violent... Je n'aime clairement pas cela mais je le savais aussi en souhaitant lire cet ouvrage. Il est clair que cela permet au lecteur d'être bien intégré dans la saga, d'être très souvent bousculé mais cela met aussi très mal à l'aise. Mon deuxième regret...
Du coup, la lecture est longue, parfois pénible et irritante. Il m'a fallu plus de 9h cumulées (merci les statistiques de ma liseuse) pour venir à bout des 400 pages. Je n'ai néanmoins jamais eu envie d'abandonner.
- L'ambiance et l'environnement général. On est au côté de Vernon Subutex ancien disquaire qui se retrouve dans la rue suite à une expulsion. Sans rien ou presque...si ce n'est peut être une pépite: le testament vidéo de Alex.
On y côtoie ses "amis", ses "amantes", ses "ex", ... Drogue, baise, showbiz, violence, pauvreté... Encore une fois, c'est très bien écrit et cela semble très réaliste. Des réflexions gauchistes de certains aux bobos de droite (mention spéciale aux réflexions du très arrogant Kiko!) en passant par les jeunes skin extrême droite... C'est vif et percutant! Ca frôle souvent les gros clichés, ca "baise" dans tous les coins et avec tout le monde (parfois on a l'impression qu'il est impossible pour Vernon de cotoyer quelqu'un sans le baiser!)... mais cela atteint son but: uppercut violent au menton!
En résumé, je dirai que
- je n'aime pas ce genre de roman mais que je reconnais que l'auteur excelle dans son écriture.
- je n'aime pas les styles trop contemporains et explicites (j'ai toujours l'impression d'entendre plutôt que de lire) mais je reconnais que cela sert parfaitement l'auteur. Quelle claque!
- je n'aime pas la multitude de personnages qui nous perdent et allongent inutilement la lecture mais je reconnais que dans cet ouvrage ça permet de parfaitement décrire l'environnement de l'intrigue.
Enfin, je reste sur ma faim! Il y a certes une suite mais après 400 pages, dures à lire et à supporter, tout cela pour cela...
La dernière phrase du livre résume ce tome 1: "Je suis un clodo sur un banc perché sur une butte, à Paris".
Je lirai peut être le tome 2. Tout dépendra des premières critiques. Je ne suis pas sûr de supporter un bis répétita.
Mon avis pourra à ce moment là changer sur ce tome 1...
En conclusion, je conseille néanmoins cet ouvrage. Il est la définition même du roman qui entrainera beaucoup de discussions.
Au moment de le noter, en faisant le bilan de ce que j'ai écrit précédemment:
si je m'en tiens à mes sensations, je mettrai 2/5.
si je m'en tiens à la performance de l'auteur, je mettrai 4/5
Du coup, je le note 3/5.
Laissez tomber le masque
Je découvre cette auteur... Et bien je ne suis pas déçu... J'vais lire son premier livre qui est dans ma bibliothèque mais que je n'ai jamais lu.
Vernon Subutex est un roman polyphonique avec une écriture très dynamique, j'étais plutôt dans un film (Altman pour la multitude des portraits) ou une série pour le rythme. La multitude de portrait nous donnent à prendre différents points de vue sur notre société, de la beurette voilée au militant d'extrême droite en passant par une ex-star du X, un scénariste raté et Vernon. C'est humaniste, c'est rassurant et inquiétant !