Une chose est évidente après ma découverte de son dernier opus paru au Seuil, Brigitte Aubert a du métier et de l'imagination. Elle sait trousser une histoire, gérer le suspense et tenir en haleine son lecteur.Pleine de rebondissements, cette traque haletante accroche le lecteur jusqu'à la dernière page et ce, malgré une galerie de personnages un peu trop typés, qui donnent, hélas, un côté série télé américaine de moyenne gamme. Car la population de cette petite ville est constituée de femmes désespérées (depuis Desperate housewives, c'est très à la mode), alcooliques ou
nymphomanes, d'un ex policier très imbibé mais encore bel homme, d'un rappeur à demi paralysé, d'un curé père de famille, d'un clodo géant mais demeuré, ... Bref un petit monde un peu trop cliché pour être vraiment attachant. Et puis, il y a le personnage de la petite fille auquel je n'ai pas cru une seconde. Elle voit le monde réel pour la première fois, ayant passé ses cinq années de vie avec sa mère dans une pièce sans fenêtre. Elle arrive à le décrypter sans problème, sans étonnement majeur et sans presque aucune crainte, tout ça grâce aux quelques livres illustrés que lui a lu sa maman. C'est un peu dommage d'autant plus que l'écriture, légèrement ironique, semble vouloir faire un jeu de massacre avec cette petite société amerloque de province, bien pensante et confite dans ses habitudes. C'est, un peu décalé sans l'être vraiment et la fin, très bien fichue, montée comme un vaudeville très très noir, est une réussite. L'intrigue ayant avancé à cent à l'heure, on pardonne volontiers les petits défauts cités plus haut. A l'arrivée, on a passé un bon moment et c'est déjà ça (comme dit Souchon).
pas abouti
J'ai trouvé ça très désagréable de me retrouver dans l'esprit de cet homme et je me suis dit que moi qui avait été un temps tentée par la lecture de Claustria de Regis Jauffret, je l'aurais sans doute trouvé insupportable. J'ai beaucoup aimé le premier chapitre mais ensuite, j'ai regretté que Brigitte Aubert développe des personnages si caricaturaux. Les femmes sont nymphomanes et/ou alcooliques, elles ne sont guère attachantes. J'ai par contre beaucoup aimé les personnages de Black Dog et Vince, le marginal et l'ancien flic. Les deux éléments que j'ai le moins aimé sont la voix de la lectrice quand elle joue la petite fille et la manière dont Brigitte Aubert forme les phrases quand elle fait parler ou penser Black Dog et l'enfant. J'ai trouvé invraisemblable que cette petite fille manque de vocabulaire mais qu'elle utilise le mot escarpin.