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Nous sommes tous notre propre oeuvre inachevée et si notre destin est tout tracé, s'il y a réellement un plan, un chemin que nous devons suivre, alors quoiqu'il arrive, nous arriverons à destination, et ce que nous le voulions ou non. Nous trouverons au gré des flots tumultueux de l'existence notre îlot d'encre et de papier, ce havre de paix que nous cherchons une vie entière durant nos errances et nos vagabondages et enfin, tout prendra un sens.
Nos souffrances, nos traumatismes, nos peines et nos plus noirs secrets cesseront d'être des ombres portées par le vent pour devenir la source même de notre lumière, l'essence même de notre force intérieure et dans un claquement de doigts, comme si tout devenait clair, nous nous dirons « mais c'est bien sûr ! ». Est-ce là ce qu'on appelle le Paradis ? Nul ne sait. La religion, face à la mort, n'a plus beaucoup d'importance et celui qu'on appelle Dieu n'est alors plus qu'un nom, un nom dont nous connaîtrons enfin l'orthographe et les origines.
Un nom. Mais quel nom !
Par peur de la mort comme de l'oubli, nous créons. Nous laissons notre empreinte sur la plage en attendant qu'une vague emporte le souvenir de nos pas sur le sable chaud et nous regardons d'un air attendri ces enfants auxquels nous avons donné naissance, ceux-là même qu'à défaut d'avoir porté dans notre ventre, nous avons au moins porté dans notre coeur. Ils sont beaux, n'est-ce pas ? Ils incarnent le paradoxe même de l'Humanité, ce qui fait notre noirceur et notre beauté.
Ils sont nos anges, nos démons, notre essentiel. Pourtant il arrive que malgré tout l'amour que nous leur portons, nous ne soyons pas capables de continuer notre récit et ce en dépit de toute notre bonne volonté. Nous essayons, cherchant en vain notre muse parmi ces mots qui nous semblent désormais bien incohérents. Le vague à l'âme et l'angoisse de la page blanche, ces vieux compères, se joignent à notre quête d'immortalité et nous remettons en question notre capacité même à écrire.
Si les mots ne soignent plus les maux, quelle est l'utilité de continuer ?