Jo Walton compte parmi les auteurs anglo-saxons les plus inspirés dans le domaine de la SF et de la Fantaisy. Notre écrivaine galloise vit au Canada depuis plusieurs années ce qui n’a pas interrompu le rythme de ses publications. Parmi celles-ci il faut absolument lire “Morwenna” manière de mise en abyme inspirée mettant en scène Morwenna Phelps, Mori pour ceux qui la connaissent bien, que son père a placée à Arlinghurst, une école privée qui accueille ses pensionnaires dans une grande et belle demeure victorienne. L’école se dresse isolée au milieu des terrains de sport
et des champs. Mori vient des vallées galloises, plus précisément la Cynon Valley où elle a passé son enfance à jouer dans des ruines qu’elle rebaptisait avec ses amis en leur attribuant des noms évocateurs –la chaumière de la sorcière, le château du géant, le palais de la fée – alors qu’il ne s’agissait en réalité que de friches industrielles.
Mori n’atterrit pas à Arlinghurst tout à fait par hasard, elle est en effet convalescente ayant été victimes quelques semaines auparavant d’un terrible accident dont elle conserve des handicaps. Mais la jeune fille sait s’abstraire de la réalité en s’immergeant dans l’univers de la SF dont elle est devenue une grande spécialiste. Delany, Zelazny, Le Guin, Silverberg et Robert Heinlein font partie de ses auteurs favoris qui l’aident à retrouver courage . Morvenna écrit aussi un journal où il lui arrive de parler aux fées. Elle est en effet entièrement immergée dans le folklore gallois qui avait déjà nourri l’imaginaire d’un auteur comme Tolkien. La mise en abyme consiste justement à proposer au lecteur de lire le journal de la jeune fille de seize ans à mesure qu’il s’écrit : le journal dans le roman qui revient sur les origines de l’écrivain lui-même. C’est très habile et surtout d’une efficacité narrative redoutable.
Quand Mori reçoit une photo brûlée où l’on distingue sa silhouette elle est bouleversée et comprent qu’un grand danger la guette. Celle qui se dresse face à elle est sans nul doute la sorcière la plus dangereuse qui puisse être et cette dernière est décidé à la tuer. Morwenna va devoir faire preuve de courage et d’intelligence face à une ennemie qui va s’avérer n’être autre que sa mère…
“Morwenna” est une oeuvre troublante, profondément psychologique, qui interroge une terre riche en croyances. Le personnage de la jeune fille qui se tourne vers le monde des fées tout en tentant de sauver sa propre vie, manifeste beaucoup des symptôme de l’adolescence parmi lesquels l’obsession de la mort. Le roman qui a été couronné des prix Hugo et Nébula constitue par ailleurs un magnifique hommage à la SF – à noter que le roman est publié chez Denoël dans une collection qui accueille tous les auteurs célébrés par Jo Walton - que les spécialistes apprécieront. Pour tous les autres “Morwenna” sera simplement une remarquable machine narrative, totalement addictive, qui ne vous laissera en paix qu’à la dernière page.
Archibald PLOOM
Si vous aimez les bibliographies de SF...
Dieu sait que je n'apprécie pas de critiquer un livre que je n'ai lu dans son entier. Pourtant, je n'ai pu poursuivre après la flamboyante déclaration de Jo Walton à travers son personnage Morwenna : " Je préfère les bibliothèques aux librairies, car les libraires font du profit sur les livres qu'ils vendent. les bibliothécaires, eux, prêtent les livres par pure bonté d'âme." J'en conclus donc, en tant que libraire, que ce livre ne m'est pas destiné et que je n'ai donc aucune raison de le lire et encore moins de le vendre. Hors mon orgueil froissé cependant, je n'ai pu déterminer s'il y aurait une quelconque action à mi-chemin du livre, sinon la description des différents livres de Sf et fantasy dévorés et magnifiés par le personnage. Un ouvrage qui ravira donc certainement les mordus et connaisseurs du genre, qui reconnaîtront leurs ouvrages cultes. Pour les autres, vous trouverez certainement au détour d'une page le spoil de la fin d'un livre que vous rêviez de découvrir.