Les Heures décisives - E-book - ePub

D. Lloyd George qui présida aux destinées de la Grande-Bretagne victorieuse et qui fut peut-être le principal artisan de son triomphe, dans ses deux volumes de souvenirs de guerre Les heures décisives et La victoire (qui paraîtra ensuite dans la même collection), nous dépeint d'une façon frappante ses angoisses et ses scrupules. Il nous permet de mesurer la multiplicité des obligations majeures incombant à une grande puissance engagée dans une guerre titanesque, la tâche immense imposée à l'homme d'État dont le rôle n'est pas seulement de décider et d'agir, mais plus encore de prévoir, de comprendre et de composer.
Aménager les ressources nationales, répartir les efforts, vaincre les résistances des groupes et des partis, convaincre les masses, sans cependant ne rien négliger qui puisse accroître le potentiel de guerre du pays et de ses Alliés. Calmer les alarmes sans tomber dans l'optimisme de commande, soutenir moralement et matériellement les chefs militaires tout en délimitant avec soin le champ de leurs activités : labeur incessant, tâche épuisante dont la seule récompense sera le plus souvent l'amertume de la critique injustifiée et l'oubli des services rendus.
Si, dans l'action, le Premier ministre britannique a su montrer, au cours de ces dures années de guerre, la prudence obligée, il n'en a pas moins gardé son franc-parler de Gallois. Il dépeint avec vivacité ses luttes contre l'opposition parlementaire et militaire. Sa critique est acerbe, passionnée même, et le lecteur ne pourra s'empêcher détablir un parallèle entre D. Lloyd George et Clemenceau. Dans Les Heures décisives, le "Tigre" n'est pas oublié.
Son collègue britannique a su (et ce n'est pas le chapitre le moins intéressant de ses Mémoires) magistralement dépeindre celui qui sera toujours pour nous le "Père la Victoire". Vingt années ont passé, mais pourrons-nous jamais oublier l'appui consenti par D. Lloyd George au chef qui devait libérer la France et la Belgique, et réduire définitivement l'ennemi, au Maréchal Foch ? L'hommage de l'ancien " Premier" britannique à celui qu'il ne cesse d'appeler "le grand soldat" est profondément émouvant.
Les souvenirs de guerre de D. Lloyd George qui ont eu de l'autre côté de la Manche un immense retentissement intéresseront très vivement le public de notre pays. Ils auront leur place dans toutes les bibliothèques près des témoignages des grands acteurs du drame, Raymond Poincaré, Georges Clemenceau, les maréchaux Joffre et Foch et, du côté des puissances centrales, Hindenburg et Ludendorff.