Il ne serait pas indu de dire de Laurent Galandon qu'il est le scénariste des opprimés. En seulement cinq ans, cet auteur a signé nombre d'albums dont le trait commun semble être une certaine volonté d'ouvrir les yeux du public sur le sort réservé à certains populations ou individus.
Des enfants déportés de « L'envolée sauvage », aux gitans de « Quand souffle le vent », en passant par les Algériens de « Tahya El-Djazaïr », Galandon aime dépeindre le sort des damnés de la terre.
Exercice périlleux auquel il se livre toujours avec une grande sensibilité, multipliant les collaborations - autour de one-shots ou diptyques, la plupart du temps. Ses dialogues minimalistes et la grande part laissée aux silences et aux émotions ont vite conquis le coeur du public, faisant de Laurent Galandon une étoile montante du scénario.
Nullement rassasié, il fait une nouvelle fois montre de son éclectisme, en signant conjointement un projet sur les femmes islamistes kamikazes et en ressuscitant le temps des apaches à travers l'histoire de Casque d'Or.
Auteur Toscan né en 1958, Stefano Casini travaille depuis une vingtaine d'années pour le plus grand éditeur italien Sergio Bonelli.
Il a réalisé plus d'une trentaine d'épisodes de la série de science-fiction Nathan Never. Il enseigne également dans une école de graphisme à Florence. En France, il a publié quatre bandes dessinées pour Semic et les éditions Glénat. En 2005, il réalise comme auteur complet pour les éditions Mosquito le polar Moonlight Blues.
Puis, de 2006 à 2010, il publiera chez le même éditeur, les quatre volumes de la saga Hasta la Victoria ! où il met en scène la Révolution cubaine.
Cette remarquable série a été primée au Festival d'Illzach en novembre 2009. Actuellement, Stefano Casini travaille sur un double album aux éditions Dargaud.
Visite d'un zoo... humain
Alors que les expositions universelles sont à la mode en Europe et que l'exotisme plaît au foule, Saint-Juste, propriétaire du jardin d'acclimatation de Paris ramène de son voyage à Cotonou la dernière amazone du Dahomey appelée Diamanka. Enfermée dans un enclos avec ses congénères au même titre que les animaux du zoo, Diamanka se voit livrée à la curiosité populaire et se doit de répondre aux attentes en simulant des combats guerriers. Cette animation retient très vite l'attention du scientifique Fernand de la Fillière qui repère très vite chez l'amazone des qualités particulières. La belle et charismatique noire ne le laisse pas insensible.... si bien qu'il ira jusqu'à la recueillir chez lui.
Même si elle apparaît comme étant une fiction, cette bande dessinée ressemble avant tout à un documentaire ; elle retrace les dérives outrancières qui ont accompagnées la colonisation des pays peuplés de soi-disant « sauvages ». Grâce à un scénario très bien mené et à un dessin pudique mettant en valeur l'historicité du récit par le choix des couleurs et des traits, Laurent Galandon et Stefano Casini nous offre une BD de qualité dénonçant l'exploitation malsaine des africains, notamment des béninois, exposés comme des bêtes de foire afin d'assouvir le besoin d'exotisme et l'avidité hostile de la population. Une très belle histoire, certes terrible, qui s'inscrit comme un témoignage nécessaire à la compréhension d'une époque. On attend avec impatience la suite de l'histoire qui s'achèvera dès le second tome.
Pauline